– Je regardais un entretien où vous disiez que zazen n’était pas un outil. Je me demande si zazen ne nous dépasse pas aussi ?
– Heureusement, que zazen nous dépasse ! Plus précisément, c’est nous qui nous dépassons nous-mêmes. L’être humain ne doit pas avoir honte de lui-même. Il doit voir son bon côté, son côté divin, et son harmonie avec ce que l’on peut appeler Dieu, si on est religieux, ou avec le cosmos. C’est effectivement cette dimension qui nous dépasse et nous fait du bien. On veut toujours attraper des choses, des objectifs, des objets, etc. Mais ce qu’on vous explique dans ce dojo, c’est le zazen enseigné par les maîtres. Les maîtres ont transmis la pureté de l’esprit du zazen.
On ne fait pas zazen pour atteindre un but, ce n’est pas un instrument pour obtenir quelque chose. Par exemple, on ne conduit pas sa voiture en zazen, on ne visualise pas d’images en zazen. La pratique pure est celle transmise par les maîtres, et ce n’est pas un outil. Une fois chez vous, vous pouvez évidemment faire ce que vous voulez et l’utiliser comme un outil. Mais zazen, c’est le dharma de paix et de bonheur. Ce n’est pas un outil. C’est l’endroit où l’on se dit : « Je suis relié à quelque chose de merveilleux, à tous les êtres humains, à toutes les existences. Je me sens en paix, bien et fort. » Voilà, c’est ça le zazen, c’est tout simple.
Le vrai zazen, c’est vraiment de lâcher, ne pas faire quelque chose. Moi aussi, il m’arrive de faire quelque chose en zazen, ça m’est arrivé des millions de fois, mais ce n’est pas le vrai zazen. Si mon maître, Taisen Deshimaru, avait été là, il m’aurait corrigé avec le kyosaku.