Published: 24/06/2012 | Updated: 13/11/2024
La phrase suivante du Shin Jin Mei est très importante :
Ne pas chercher la vérité,
Seulement ne pas avoir de préjugés.
Lors de la dernière session que j’ai dirigée, j’ai raconté comment les hommes avaient été créés à l’image des dieux, comme des dieux eux-mêmes, mais avec une différence essentielle : ils possèdent un corps calleux : une séparation entre l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche du cerveau. Cela les rend semblables aux dieux, mais incapables d’utiliser pleinement leurs capacités divines, car ils sont divisés en deux visions antagonistes.
Ils ne peuvent utiliser qu’une moitié de leur potentiel divin à la fois. Cette séparation implique notamment qu’ils sont dans une vision soit objective, soit subjective ; soit dans un état de conscience, soit d’inconscience. Avec seulement une moitié de leur cerveau activée, ils cherchent toujours la vérité que pourrait révéler l’autre moitié.
Ce phénomène est très perceptible dans le comportement humain, où les préjugés dominent souvent. Les gens passent d’un préjugé à l’autre. Y compris quand on observe les philosophies ou idéologies auxquelles des peuples entiers adhèrent, elles apparaissent totalement contradictoires. Alors, que faut-il choisir ?
Lorsque je suis allé en Argentine, je me suis dit : “Tiens, je vais commenter le Shin Jin Mei, un ancien texte chinois.” Ce texte est tellement caractéristique du zen, qu’il semble appartenir au fonctionnement du cerveau droit. Malgré tout, il porte une sagesse merveilleuse et précieuse, surtout dans notre civilisation moderne.
Ce qui nous sépare les uns des autres, ce qui nous oppose, ce sont nos préjugés. Chacun en possède. Chaque famille, chaque nation, chaque culture, chaque genre a des préjugés. Le préjugé, c’est croire en une “vérité” unique, s’attacher à un aspect partiel de la réalité.
Par exemple, Jésus disait :
Ne travaillez pas comme des fous ; observez les oiseaux du ciel : travaillent-ils, eux ?
Oh ! Quelle sagesse ! Mais devons-nous vraiment nous adapter uniquement à cette vision ? Ce n’est qu’un aspect de la sagesse. Il existe une autre approche qui dit :
Pour goûter au bonheur, il faut avoir connu l’amertume, la souffrance, ou les difficultés.
Là encore, c’est un préjugé, une moitié de vision. À travers le zazen, on apprend à transcender le corps calleux, à embrasser les contradictions comme le ferait un sage. Cette phrase du Shin Jin Mei est donc d’une importance capitale et d’une valeur inestimable :
Ne cherchez pas la vérité. Plutôt, n’ayez pas de préjugés.