Par exemple, quand on rentre le menton – souvent on répète « rentrer le menton » – on change de conscience immédiatement. On tourne sa lumière vers l’intérieur.
Quand on a le menton en avant, ça veut dire qu’on cherche quelque chose ou qu’on regarde quelque chose à l’extérieur. Dès le moment où on rentre le menton en zazen, on s’intériorise totalement. On arrête de regarder quoi que ce soit.
Pourquoi ? C’est une question de position du cerveau par rapport à la moelle épinière, à la colonne vertébrale, aux reins. Quand vous rentrez le menton, en même temps, l’arrière de la nuque s’étire, s’ouvre. En adoptant cette position, on met en activité le cerveau reptilien, notre cerveau préhistorique, instinctif. On va retrouver la sagesse, la conscience que nous avions quand nous étions des êtres sauvages vivant dans la nature. On capte beaucoup de choses.
D’ailleurs, il y a un milliard de fois plus de connexions dans la grosseur d’un petit pois du cerveau reptilien que dans la même contenance du cortex. Évidemment, chacune de ces parties du cerveau a sa fonction. J’ai mis longtemps à croire que le zen, c’était les secrets spéciaux, des états spéciaux d’illumination, de trucs comme ça. Non, c’est juste mettre en action les spécificités du cerveau : le cerveau moyen, thalamus, hypothalamus, hippocampe.
Quand vous avez une bonne posture de la tête, ce cerveau-là devient fonctionnel. En même temps, quand vous rentrez le menton, quand vous étirez la nuque, le cerveau frontal est mis au repos. Toutes vos pensées du cerveau frontal, les analyses, les doutes, les calculs, les soucis, les désirs, tout ça est mis au repos.
Au contraire, le cerveau frontal se calme et est en connexion avec la glande pituitaire, au centre du cerveau moyen. Les pensées se calment, le silence se fait et la lumière et l’énergie se manifestent à l’intérieur même de notre propre cerveau.