Séance d’initiation à la méditation zen

initiation zen
Kusens de Maître Kosen
Séance d'initiation à la méditation zen
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Et quand on demandait à Maître Deshimaru : « Oui, mais qu’est-ce que c’est le zazen ? », il disait : « Le zazen, c’est la posture, c’est prendre la posture de Bouddha. » Le zen, c’est faire zazen et zazen, c’est prendre la posture de Bouddha, apprendre la posture de Bouddha, s’approprier sa propre posture de Bouddha.

Chacun peut prendre la posture de Bouddha. Il y en a pour qui cela prend cinq minutes, il y en a pour qui cela prend une vie entière. Et la posture de Bouddha est tout à fait réaliste et mécanique.

Le zafu

Le premier point dans la posture de Bouddha, c’est d’utiliser un zafu, un coussin. On est assis sur un coussin, le corps est légèrement surélevé par rapport au sol.

Les genoux pressent le sol

Deuxième point important, les genoux doivent être plantés dans le sol. C’est primordial. Il faut planter ses genoux dans le sol. La base de notre posture, ce sont les deux genoux et le périnée qui est placé contre le coussin et qui prend appui sur le coussin comme un trépied. Les deux genoux et le périnée nous maintiennent en équilibre, comme un trépied, comme une pyramide.

Posture de la colonne vertébrale

Troisièmement, à partir de ce trépied qui nous maintient et qui nous ancre dans le sol, la colonne vertébrale. La colonne vertébrale, c’est toute une histoire, c’est toute notre histoire. Redressez la colonne vertébrale.

Pour pouvoir facilement redresser la colonne vertébrale, il faut régler le bassin, la position du bassin, basculer légèrement le bassin vers l’avant, ce qui libère la masse abdominale et ce qui nous donne une bonne assise forte, basée sur la cinquième vertèbre lombaire, la première vertèbre mobile de la colonne vertébrale. On est en équilibre sur cette première vertèbre mobile.

Posture de la tête

Ensuite, point très important, la position de la tête et donc du cerveau. Parce que dans la tête, entre les deux oreilles, il y a un espace qui sert à quelque chose, c’est le cerveau. La position de la tête doit également être intégrée. On dit tout le temps de rentrer le menton. On ne doit pas avoir le menton en avant, la tête qui part en avant. On rentre le menton, on tend, on étire la nuque, on pousse le ciel avec la tête, avec le sommet du crâne. Tout cela, ce sont des indications.

Cette position de la tête crée un équilibre entre le cortex cérébral, le frontal, le cerveau moyen et le cerveau profond. Tout est à sa place et tout fonctionne ensemble.

Autres points de la posture de zazen

Ensuite, il y a évidemment tous les détails, comme les épaules qui ne doivent pas se contracter. Il faut être vigilant à observer son corps, enlever ce qui est en excès et ajouter ce qui manque. Si vous manquez d’énergie à un moment, il faut apprendre à mobiliser l’énergie à cet endroit-là. Si vous êtes trop tendu à un endroit, il faut relâcher, ouvrir.

Le cerveau, c’est aussi les yeux, la bouche, les oreilles, les cinq sens, le nez. On dit que les oreilles doivent être sur le même plan que les épaules. Vous voyez, c’est encore mécanique.

Devenir immédiatement un bouddha

Si vous placez votre corps dans la posture correcte d’un Bouddha, vous devenez un Bouddha immédiatement. C’est comme dans le film Transformers : c’est une voiture, mais si on la met dans la bonne posture, elle se transforme en guerrier. Pourtant, c’est la même entité mécanique. La posture du Bouddha, c’est pareil. Si vous la mettez dans la posture du Bouddha, vous devenez un Bouddha. Que vous soyez stupide, intelligent, homme ou femme, vieux ou jeune, spirituel ou pas spirituel, tout cela n’a aucune importance.

Posture des yeux

Je vais parler des oreilles, du nez et du nombril sur une même ligne. Les yeux, on ne ferme pas complètement les yeux, mais on ne les ouvre pas non plus comme un poisson. Les yeux sont mi-clos et le regard est intérieur. On lâche l’utilisation des yeux, mais ils sont là. On pose le regard à 45 degrés vers le sol. À environ un mètre, si vous n’êtes pas près du mur. Regardez vers le sol. C’est la posture de base. Si vous vous sentez très nerveux, vous pouvez éventuellement fermer un peu les yeux. Mais la posture de base, c’est les yeux mi-clos. On a la perception de tout ce qui nous entoure, mais on ne touche pas, on ne regarde pas.

La respiration zen

Le dernier élément est quand même le petit souffle magique. J’ai parlé de mécanique, mais pour bouger, la mécanique a besoin d’une énergie, d’un souffle magique, et c’est la respiration.

Une fois que vous êtes dans la posture correcte, vous respirez. Vous n’êtes pas un objet, vous êtes une entité vivante et vous respirez, vous échangez. Vous faites partie de quelque chose de plus grand que vous-même. Vous échangez comme vous l’avez toujours fait, en vous nourrissant de l’inspiration et en exhalant votre expiration.

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La respiration, c’est un échange énergétique, parce que si on arrête de respirer, on ne peut pas vivre. C’est vital. Mais c’est aussi un échange de plein de choses, d’énergies, d’informations, un phénomène équilibrant dans la relation entre nos organes internes, notre circulation du sang, notre circulation énergétique. On va devenir intime avec cette respiration.

Oubliez Bouddha

Ce n’est pas la peine d’avoir conscience que vous êtes devenu un Bouddha. On s’en fout. Mais plus vous avancerez dans la pratique, plus vous intégrerez cette chose qui est de rentrer dans la dimension des Bouddhas, uniquement par la position de votre corps, par la position de votre cerveau. Vous remarquerez qu’un seul geste peut exprimer beaucoup. Si vous regardez par exemple la posture du penseur de Rodin, qui pose son menton sur son poing et son poing sur son genou, et qui pense, si vous la comparez à une posture de Bouddha, vous voyez totalement la différence. La différence, c’est seulement cela : la posture.

L’important, c’est la posture

Alors tout le reste, que ce soient les cérémonies, les coups de bâton, les prosternations, tout cela, c’est un choix, c’est un mode de fonctionnement que vous découvrirez petit à petit, mais ce n’est pas important. L’important, c’est la posture de Bouddha, c’est votre Bouddha.

C’est important de bien poser les mains sur les cuisses. Sinon, vous prenez un petit tissu ou un coussin pour que vous reposiez vos mains contre quelque chose, que vous ne soyez pas obligé de faire un effort pour les maintenir.

Il y en a certains qui ont une très bonne posture. Dans la posture, vous n’aurez pas trop de distance à parcourir entre vous et le Bouddha.

Poussez la terre avec les genoux, poussez le ciel avec la tête. Maintenez la tête bien droite, la nuque étirée. Tout cela, c’est hyper important. Quand vous serez habitué, vous pourrez même sentir votre cerveau. Vous identifierez les zones de votre cerveau qui fonctionnent trop, qui sont tendues. Le cerveau, c’est très important. Vous avez une machine extraordinaire entre les deux oreilles. La placer correctement fait toute la différence.

Posture des mains

C’est très, très simple le zazen. Le principe est très, très simple. Il est important de pousser la terre avec les genoux, de basculer le bassin vers l’avant. Étirez la nuque, ne laissez pas tomber la tête en avant.

Je n’ai pas parlé de la position des mains. Hokaï-jo-in, le mudra universel. En même temps que vous prenez la posture, vous découvrez la potentialité de chaque détail de votre propre corps, spécialement les mains. Qu’est-ce qu’on fait avec ses mains ? La main gauche est placée dans la main droite. La deuxième phalange de la main gauche est placée sur la première phalange du majeur de la main droite et les pouces sont en contact l’un avec l’autre sur une ligne horizontale. Les pouces doivent toujours rester bien horizontaux, créant ainsi un très beau losange harmonieux qui englobe toute chose. C’est un univers. Hokaï-jo-in, le mudra universel.

Vous allez devenir, si vous pratiquez le zazen, de plus en plus intime avec votre propre corps, comme vous ne l’avez jamais été. Plus vous serez intime, plus vous serez délicat. On apprend la délicatesse des sensations, du toucher, de l’énergie et donc le contact entre les pouces est très important. C’est juste un contact. Ce n’est pas appuyé comme une bête. Les pouces ne doivent ni former une montagne en s’élevant vers le haut, ni vallée en tombant vers le bas. Vous sentirez la chaleur, spécialement dans la main gauche, dans la paume des mains.

Posture des jambes en zazen

Pour ce qui est des jambes, c’est la grande hantise de tout le monde. Les jambes, les genoux, ça fait mal. La position correcte des jambes pour prendre vraiment la posture du Bouddha, c’est le lotus.

Si vous êtes débutant, soyez patient. On commence par un quart de lotus, c’est-à-dire qu’on va mettre une cheville sur l’autre. Par exemple, la cheville gauche sur la cheville droite ou la cheville droite sur la cheville gauche. C’est déjà pas mal. Il est important d’avoir les genoux en contact avec le sol et de pouvoir régler la position du bassin par rapport aux jambes.

La posture humaine, c’est une mécanique de haute précision. C’est mieux si vous pouvez faire le demi-lotus, c’est-à-dire que vous mettez le pied droit sur la cuisse gauche, le plus proche de l’aine possible et vous rapprochez les genoux l’un de l’autre. C’est déjà un peu plus difficile. On a toujours une jambe plus facile que l’autre. Et puis, on va découvrir au fur et à mesure à quel point on est mal foutu.

Enfin vient le lotus qui consiste à mettre, par exemple, le pied gauche sur la cuisse droite et le pied droit sur la cuisse gauche. Cela s’appelle le lotus. Il y a un lotus à droite avec la jambe droite au-dessus et un lotus à gauche avec la jambe gauche au-dessus.

Prendre le lotus, c’est très difficile, mais une fois que vous l’avez pris, c’est beaucoup plus facile. La différence est très importante parce que vous pouvez lâcher prise quand vous êtes en lotus. Plus vous relâchez les jambes, plus les genoux poussent le sol. Vous n’utilisez pas votre propre force. Plus vous vous décontractez, plus vous êtes fort.

C’est magique. Non, il n’y a rien de magique. C’est mécanique. Je vous le dis tout de suite, il vaut mieux tendre vers le lotus. D’abord, vous le faites à la maison, vous essayez de prendre le lotus, puis vous restez cinq minutes, dix minutes, et après, cela progresse très, très vite et vous ne pourrez plus vous en passer.

Le périnée

J’ai parlé du périnée, vous savez, c’est le point qui se trouve entre les organes sexuels et l’anus. C’est un point vital très important qui traverse le corps verticalement jusqu’au sommet du crâne. C’est le point qui est contre le coussin. Je n’ai pas parlé des ischions, ces deux petites boules sous les fesses. Si vous prenez le lotus, vous allez bien les sentir et c’est très important. On peut penser avec ces ischions. Je ne sais pas comment vous dire, mais c’est incroyable. Cela donne de la volonté. Tout dans votre corps devient précieux.

Questions au maître zen

Après la cloche, on va sonner un coup de cloche vous vous retournerez, vous déferez vos jambes si vous y arrivez. Vous vous installez librement, comme à la maison, comme vous le ressentez, et vous pourrez poser une ou plusieurs questions si vous le souhaitez. C’est surtout pour les gens qui viennent pour la première fois. Mais si des anciens veulent poser une question, c’est possible aussi. Dans tous les cas, toutes les postures sont correctes. Vous vous balancez de droite à gauche, vous dénouez vos jambes tranquillement.