Opposition des énergies

Kusens de Maître Kosen
Kusens de Maître Kosen
Opposition des énergies
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Published: 25/05/2013 | Updated: 11/11/2024

Dans le corps humain, tout comme dans la nature, des forces et des énergies opposées se mélangent. Par exemple, dans la météo, il y a les hautes pressions et les basses pressions, l’air frais et l’air chaud. Ces forces se combinent et créent des réactions comme le vent, la pluie, l’humidité ou la sécheresse, la chaleur ou le froid. Dans notre corps, c’est pareil : le système nerveux sympathique et parasympathique, les muscles extérieurs et intérieurs, les organes, les viscères, la circulation sanguine ascendante et descendante. Ce sont les forces naturelles en action.

On peut observer une harmonie, une sorte de perfection dans la nature : sur la mer, dans le ciel, les étoiles, les nuages, dans le désert, le sable. Les érosions sur les rochers, les montagnes, la neige semblent toutes être l’œuvre du plus génial des artistes. Les insectes et les animaux sont intégrés à cette nature, ils y participent pleinement. La migration des oiseaux, des poissons, des insectes, même le travail des vers de terre pour fertiliser le sol : tout cela est harmonieux et fait partie d’un système que Maître Deshimaru appelait “système cosmique”.

Seul l’être humain a la capacité de création. Il peut créer selon ses idées, couper un arbre pour fabriquer une cabane, ramasser des pierres pour construire des murs. Mais souvent, sa créativité s’éloigne de la perfection du système cosmique. Elle est plus carrée, rigide, parfois violente. Il y a un poème chinois ancien qui dit : “Si l’esprit conscient ne se manifeste pas, les phénomènes seront sans erreur.” Ce poème évoque la pratique du zazen, la pratique des Bouddhas.

Le zazen, c’est quoi ? Les gens demandent souvent si c’est une méditation. Non, ce n’est pas une méditation dans le sens de penser à quelque chose ou de méditer sur un sujet. Il s’agit d’une méditation dans le sens étymologique du mot : revenir au centre. En latin, meditare in medio signifie “revenir au centre, à l’origine”. Quand on observe une galaxie, on voit une immense spirale, un vortex. Plus on s’approche du centre, plus on trouve une immobilité, comme dans un cyclone. Pour retrouver la perfection du système cosmique et s’harmoniser avec lui, il faut revenir au centre de soi-même et non se disperser à la périphérie. C’est cela, le zazen.

Pendant le zazen, l’esprit individuel demeure immobile et suit la spirale immense de l’ordre cosmique. Il s’intègre dans ce mouvement sans commettre d’erreur, fonctionnant inconsciemment, naturellement, automatiquement. Dans cette posture, on s’intègre à l’ordre cosmique à travers le conscient et l’inconscient. Le conscient se manifeste par l’attention portée aux points clés de la posture : les genoux bien ancrés, le bassin basculé naturellement au niveau de la cinquième vertèbre lombaire, la colonne vertébrale droite, la nuque tendue et la tête droite, ni penchée en avant, ni en arrière, ni à droite, ni à gauche.

Les épaules sont détendues, abaissées vers l’arrière ; la main gauche repose dans la main droite, placée contre l’abdomen, les coudes légèrement écartés. Le nez et le nombril se trouvent alignés, de même que les oreilles et les épaules. Le regard est posé à environ -45 degrés devant soi, sans fixer d’objet particulier, déconnectant le nerf optique de la conscience personnelle.

Le zazen consiste à se centrer entre le conscient et l’inconscient, ce qu’on appelle “la voie du milieu”. La bouche est fermée, les dents en contact et la pointe de la langue repose derrière les dents de devant contre le palais. Tout en restant vigilant, on lâche les tensions qui surgissent, en les ramenant de l’inconscient au conscient pour les libérer.

Être conscient de soi-même est une supériorité de l’homme sur les autres créatures, mais c’est aussi un fardeau. Sans cette conscience, nous ne connaîtrions pas des notions telles que le bonheur, la réussite, la victoire, ou même l’amour. Mais il y a un prix à payer : c’est apprendre à maîtriser son esprit, à le comprendre, à savoir le placer, à choisir la posture adéquate. Tout cela pour, à terme, devenir créateur sans commettre d’erreur.