Published: 19/12/2020 | Updated: 06/06/2024
Dans le zen Soto, nous avons beaucoup d’admiration pour un ancien maître qui s’appelle Maître Wanshi. Il a toujours été considéré comme exprimant l’essence du zen Soto.
Le zen Soto, par rapport au zen Rinzai, est le zen de l’illumination silencieuse. Le zen s’est séparé en deux lignées assez spécifiques : le zen Rinzai et le zen Soto.
Le Rinzai fonctionne avec des koans. Les élèves doivent résoudre des koans que leur donne le maître et donc, ils font zazen en pensant à quelque chose, en essayant de résoudre quelque chose. C’est une méthode qui n’est pas tout à fait naturelle et qui mène un petit peu à la folie.
Alors que dans le zen Soto, on ne cherche rien de spécial. C’est juste l’assise silencieuse et l’observation de la réalité.
Maître Wanshi a écrit le Zazenshin, qui a été repris par maître Dogen, qui en a fait sa version lorsqu’il est entré au Japon. Zazenshin, c’est l’aiguille d’acupuncture qui soigne le zazen, les maladies du zazen. J’ai trouvé un texte intitulé « Conseils sur la pratique » de Maître Wanshi. Ce sont des enseignements qu’il donna à ses disciples pendant zazen. Je vous en ferai quelques lectures petit à petit le samedi, je vous préparerai quelques extraits.
Maître Wanshi dit :
Le Soi se divise en 10 milliards d’esprits distincts.
Quand vous êtes en zazen, vous pouvez les distinguer, parce que vous n’êtes plus un aspect de vous-même. Vous êtes Bouddha. Donc, vous pouvez observer tous les aspects de vous-même.
On dit toujours que l’ego est sans noumène. En fait, on a des milliards d’ego. Pendant zazen, on peut les distinguer, mais sans tomber dans les noms et les classifications.
Harmonisez-vous avec eux pleinement, mais sans effort. Le champ de la vacuité sans limites existe depuis le tout début.
Le champ de la vacuité sans limites, c’est vraiment le zazen silencieux, éclairé, illuminé. Cet état d’esprit, c’est le « je suis ». Il existe depuis le tout début, même avant la naissance. Même quand on est nouveau-né, on sort de l’utérus de sa mère, qui était si confortable. Mais on est encore « je suis ». On ne sait pas qui on est, mais on est « je suis ».
Le champ de la vacuité sans limites est ce qui existe depuis le début. Vous devez purifier, guérir, moudre dans le sens d’écarter toutes les tendances que vous avez fabriquées et transformées en habitudes.
Ensuite, on s’identifie à des aspects, à des caractéristiques de nous-mêmes. C’est là qu’on s’enferme.
Si on écarte les tendances qu’on a fabriquées, qu’on s’en débarrasse, qu’on les moud, qu’on les transforme en poussière, alors vous pourrez résider à l’intérieur d’un cercle clair et radieux.
C’est la vraie condition du Bouddha. C’est « je suis », mais pur.
La vacuité absolue n’inclut aucune image. L’indépendance véritable ne repose sur aucune chose. Ce qu’il faut faire grandir, ce qu’il faut illuminer, c’est la vérité originelle.
Si vous vous préoccupez des conditions extérieures, ce n’est pas bon. De même, il nous est dit de réaliser que rien n’existe vraiment. Mais dans ce champ du zazen pur, la naissance et la mort n’apparaissent pas. C’est ce qu’on appelle la source profonde, transparente jusqu’au tréfonds.
Elle peut irradier sa lumière et dialoguer avec le moindre grain de poussière sans devenir son complice. Et cette subtilité de voir et d’entendre transcende toute couleur et tout son. Cet échange se déroule sans laisser la moindre trace et sans obscurcir aucun miroir. De façon très naturelle. L’esprit et les phénomènes surgissent et s’harmonisent.
Un ancien maître dit que la non-pensée établit la voie de la non-pensée. Donc, établissons et remplissons la voie de la non-pensée. Finalement, chacun peut s’y établir. En suivant cette voie, vous êtes capable de guider l’assemblée des disciples simplement assis en silence, le mental transparent. Promenez-vous au centre du cercle des merveilles. C’est ainsi que vous devez pénétrer la Voie et l’étudier.