Le lotus

Kusens de Maître Kosen
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Le lotus
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Published: 23/03/2013 | Updated: 16/11/2024

Le lotus occupe une place centrale dans le bouddhisme. On représente souvent le Bouddha assis dans un lotus ou sur une fleur de lotus. Ce symbole est riche de sens.

Le lotus est une fleur qui prend racine sous l’eau, dans la boue, symbolisant la souffrance, la confusion et la souillure de la vie. Pourtant, de cette boue émerge une fleur majestueuse, équilibrée et lumineuse. Le lotus incarne ainsi la transformation spirituelle : il représente la capacité à s’élever au-dessus de la confusion pour atteindre l’illumination.

La posture de zazen, inspirée du lotus, permet de reproduire ce processus. Elle nous fait émerger de notre confusion, éclairant à la fois notre esprit et notre corps. Cette posture nous aide à comprendre ce que nous sommes, non pas par un raisonnement intellectuel, mais par une expérience directe. En oubliant qui nous croyons être, nous découvrons ce que nous sommes réellement.

Une phrase essentielle du bouddhisme, souvent répétée par les maîtres, est “Shiki Soku Ze Ku, Ku Soku Ze Shiki”. Cette expression, presque un théorème spirituel, signifie :

  • Shiki, ou “phénomènes”, désigne tout ce qui est matériel, visible et tangible.
  • Ku, ou “vide”, représente l’énergie, l’espace, ce qui est invisible et immatériel.

Cette phrase exprime une vérité fondamentale : le matériel contient l’immatériel, et l’immatériel constitue le matériel. Elle reflète l’unité entre ces deux aspects, apparemment opposés, de la réalité.

Dans la posture du lotus, nous explorons cette unité en nous-mêmes, en partant de l’aspect le plus matériel de notre être (le corps) jusqu’aux dimensions les plus subtiles et invisibles (l’esprit et la conscience).

  • Pour les débutants, l’apprentissage commence par le corps. On donne des instructions précises : position de la tête, de la colonne vertébrale, des épaules, des mains, des jambes, etc.
  • On s’ancre dans l’espace et on prend conscience des forces qui nous entourent, comme la gravité ou les forces centrifuges et centripètes.
  • Ensuite, on explore la pensée et la conscience, en découvrant leurs multiples facettes et leurs subtilités.
  • Enfin, on accède à la conscience du souffle. Plus qu’une simple respiration, le souffle est la vie elle-même. Il est pensée, conscience et silence.

Cette exploration, du corps jusqu’à la conscience universelle, révèle ce que nous sommes dans toute notre profondeur. Le zazen permet ainsi de participer pleinement à cette conscience universelle, un patrimoine immense et divin de l’humanité.

Malheureusement, par ignorance ou désintérêt, beaucoup de personnes ne connaissent pas ou ne pratiquent pas cette richesse inestimable. Pourtant, le zazen n’est rien d’autre qu’un trésor accessible à tous, une voie directe vers l’éveil et la compréhension de soi.