Published: 17/02/2018 | Updated: 23/05/2024
Je voudrais vous parler d’un mot très important dans le bouddhisme. C’est le mot Dharma. C’est un mot qui change de signification selon l’endroit ou le contexte dans lequel il est placé. Un dharma, on pourrait le traduire par un phénomène. Quelque chose qui apparaît, ou un son. Quelque chose qu’on peut distinguer, une odeur ou un goût, une sensation au toucher, un objet, ou une idée, une pensée. Tout ça, ce sont des dharmas. En français, on le traduira sans doute par « chose ».
Parfois, il est employé comme le Dharma. Le Dharma, c’est la raison ou le mécanisme de l’ensemble de tous les dharmas, de tous les phénomènes, c’est-à-dire, le système cosmique. C’est Dieu.
Parfois, il est employé comme l’enseignement. L’enseignement du Bouddha, on l’appelle le Dharma.
Je pense à ce mot-là, parce qu’une phrase de maître Dôgen me revient en mémoire. Il dit :
« Le véritable zazen transmis par les maîtres zen depuis le Bouddha n’est pas l’apprentissage de la méditation. Il est le dharma de paix et de bonheur. »
C’est très important. On pourrait appeler ça un koan. C’est une phrase qui révèle un état d’esprit extrêmement précieux, extrêmement difficile à intégrer, à comprendre, à réaliser.
C’est vrai que si on compte toutes les heures de zazen qu’on a passées assis face au mur, il y en a de nombreuses où l’on bouge, on cherche, on se bat ou on essaye quelque chose. On essaye de lâcher ou de tendre, d’étirer. On essaye de comprendre. On essaye d’arrêter de penser. On est préoccupé par une tension, une douleur, la peur d’avoir mal. On pense à tout autre chose. Comme si on se débattait avec nos mêmes problèmes, mais à l’intérieur de la posture.
Puis beaucoup, au début, pensent qu’il y a quelque chose, un dharma à trouver. Dôgen dit :
« Zazen, n’est pas l’apprentissage de la méditation. Il est simplement le dharma de paix et de bonheur. »
On ne peut jamais exprimer la vérité en entier, parce que le temps et l’espace sont sans noumène, ils changent tout le temps. Donc, la vérité change tout le temps. On ne peut pas dire : « ceci est vrai, ceci n’est pas vrai, ceci est bon, ceci n’est pas bon », ça dépend à quel moment, dans quelle situation.
Dôgen joue sur des points de vue différents. Il dit : il serait stupide de penser que la vérité s’exprime dans le zazen et pas autre part. Ça serait stupide de penser que l’être humain ne fait pas partie de la nature. Or, la nature est parfaite. Donc, qu’y a-t-il à chercher ?
Dôgen finit par se dire : « malgré tout, dans le cerveau humain, le moindre doute, le moindre décalage avec la réalité, ou plus précisément, avec la nature, sépare toute chose, nous donne même l’impression que le ciel et la terre sont complètement séparés. Et pour retrouver cette conscience originelle normale, naturelle, une, le zazen est la meilleure méthode.