Le deux dépend du un

Kusens de Maître Kosen
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Le deux dépend du un
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Published: 09/03/2013 | Updated: 11/11/2024

Dans le Shinjinmei, il y a une phrase qui dit : « Le deux dépend de l’aide de l’un. » Ne vous attachez même pas à l’un.

En général, tous les poèmes écrits par les patriarches, comme celui de Sosan, le troisième patriarche chinois, sont des aides à la pratique du zazen. Ce sont des écrits directement axés sur la pratique du zazen, et non sur de la philosophie, du moralisme, ou sur des notions abstraites. Il s’agit de cultiver la conscience pendant le zazen, ce qui est essentiel.

Bien sûr, cette pratique a une répercussion sur notre vie quotidienne. Elle doit résonner dans notre existence, influençant finalement notre manière d’aborder et de résoudre les grands défis de la conscience.

Pendant le zazen, le fait de prendre la posture des Bouddhas est très important. En s’y engageant, on réalise une symbiose totale entre le corps et l’esprit. Nos pensées, tout comme nos muscles, expriment notre état. Par exemple, si un muscle se tend, cela change notre conscience. C’est pourquoi l’enseignement du zazen repose entièrement sur la posture : un alignement qui semble simple et détendu, mais qui, en réalité, est à la fois souple et dynamique.

La position des mains, des épaules, et de la tête influence profondément notre psychisme et notre conscience. On peut prendre l’exemple du célèbre *Penseur* de Rodin, une statue très belle et célèbre. Pourtant, sa posture n’est pas celle du zazen, qui est bien plus impressionnante. La pensée du zazen diffère de celle du *Penseur*, qui appuie son coude sur son genou et son menton sur son poing dans une réflexion active.

Il existe différentes façons de penser, selon la partie du cerveau mobilisée. On ne pense pas seulement avec le cortex frontal, mais aussi avec la nuque et l’arrière de la tête, ce qui est essentiel à comprendre pour saisir le sens de la posture. Maître Deshimaru soulignait souvent l’importance de la position et de l’expression des mains, qui transmettent elles-mêmes un message puissant. On le voit même dans les discours de certains présidents de la République, dont les gestes renforcent leur message. Par exemple, serrer le poing exprime souvent une pensée agressive ou combative. La posture et les gestes de nos mains sont en lien direct avec le cerveau.

Dans la posture du zazen, on accorde donc une grande attention aux mains, qui pratiquent le *mudra*, un geste significatif, issu de l’Inde antique. Les Bouddhas et les Bodhisattvas sont souvent représentés avec des mudras particuliers, comme toucher l’index avec le pouce. Ce geste, dans le zazen, est appelé *hôkai join* en japonais, le *mudra universel*, qui renvoie à « l’un » dont nous avons parlé.

Pendant le zazen, parfois, on pense, laissant le subconscient s’exprimer. Parfois, on ne pense plus du tout, on s’oublie soi-même, on oublie son corps et son esprit. Dans ces moments-là, on est dans l’« un ». Lorsque l’on est conscient de soi, que l’on corrige sa posture, que l’on ressent son corps, on se trouve dans le « deux », c’est-à-dire dans notre existence individuelle, inscrite dans l’unité. Le « deux » n’existe que parce que le « un » existe. Ne vous attachez pas non plus à « l’un » ; il est inutile de vouloir forcer le calme mental. Laissez les choses se faire naturellement.

Pour les débutants, il est essentiel de revenir aux points clés de la posture : la main gauche repose dans la main droite, les pouces se touchent horizontalement sans former ni montagne ni vallée, créant un ovale comme un œuf. Les coudes sont légèrement décollés du corps, les épaules relâchées, la nuque étirée et naturellement ouverte comme une fenêtre. Le menton est légèrement rentré, la tête droite, alignée avec le nez et le nombril. Le regard est posé à 45 degrés devant soi, à environ un mètre.

Respirez par le nez, bouche fermée, en cherchant à allonger l’expiration. La posture de zazen facilite cette respiration profonde qui permet de vider totalement les poumons, non seulement de l’air mais aussi des émotions. Une longue expiration nous purifie ; à la fin de l’expiration, on laisse l’air frais remplir notre corps, comme les vagues de la mer qui s’étirent calmement sur le sable. C’est naturel, un peu aléatoire, comme les rythmes de la nature, régulier et irrégulier à la fois.

Si vous rencontrez des difficultés, des souffrances ou des angoisses dans votre vie quotidienne, cette posture de zazen vous donnera de la force pour surmonter vos limites.