Published: 20/05/2017 | Updated: 05/06/2024
Le deux étant impossible, le un le serait également.
Donc, si le deux est impossible, le un le sera également. C’est très profond et très important comme enseignement. C’est l’enseignement de Sosan, le successeur d’Eka, le disciple de Bodhidharma. Cela signifie que s’il n’y a pas le deux, le un est impossible. Alors de quoi parle-t-il quand il parle du deux ? Il dit que pour avoir conscience de vivre, il faut toujours deux. C’est-à-dire qu’il y a un observateur, l’esprit primaire, qui observe l’esprit secondaire.
En zazen, on est immobile, on observe sa posture, on observe sa respiration, on observe ses pensées. Si personne n’observe, il n’y a rien. Il ne peut rien exister. Les choses n’existent que parce qu’elles sont observées.
La conscience primaire, que l’on pourrait appeler Dieu, ne peut pas avoir conscience d’elle-même, car pour avoir conscience de soi-même, il faut le temps et l’espace. Il faut qu’il y ait l’esprit primaire qui prend le temps de regarder l’esprit secondaire. Par exemple, si on se regarde dans un miroir, il faut le temps que notre conscience regarde le miroir, voie le reflet et revienne à nous pour que nous en prenions conscience. C’est tout un processus.
Pendant zazen, on dit « je suis concentré, je suis concentré sur ma posture ». Mais s’il n’y avait pas l’observateur, toute observation serait impossible.
Le deux est beaucoup plus important qu’on ne pourrait le penser. Pour faire des expériences, pour vivre, on dit que le temps passe vite, mais pour vivre, il faut ces deux éléments : l’observateur et l’esprit secondaire. L’esprit secondaire pense qu’il a conscience de lui-même. En fait, c’est l’observateur. S’il n’y avait pas l’observateur, il ne pourrait pas avoir conscience de lui-même.
C’est très difficile à expliquer, mais le poème se suffit à lui-même.
Si le deux n’existait pas, le un serait impossible.
C’est intéressant à comprendre parce que c’est en quelque sorte notre relation avec Dieu. Si nous n’existions pas, Dieu ne pourrait pas faire l’expérience de la matière à travers nous. Et si Dieu n’existait pas, nous ne pourrions pas avoir conscience de nous-mêmes.