Published: 09/06/2012 | Updated: 16/11/2024
On évoque souvent la “pensée zen” ou encore la “non-pensée zen”. Mais qu’est-ce qu’une pensée, au juste ? Beaucoup de personnes sont prises dans leurs pensées sans être conscientes de ce qu’elles sont véritablement. À ce niveau, il existe une pensée zen, dans le sens d’une pensée consciente : être conscient du fait de penser.
Mais qu’est-ce qu’une pensée ? Est-ce des mots, des phrases ? Ou bien des images ? Chaque mot déclenche en nous une image holographique, plus ou moins abstraite. Cette image n’est pas toujours concrète, mais elle résulte de l’association de phonèmes et de mots ayant un sens. Dans le zazen, cette image s’associe à quelque chose de concret : notre propre corps. En méditation, notre corps devient une pensée, une image holographique qui s’ajuste à la réalité matérielle du corps. C’est pourquoi, dans le zen, on appelle la posture de zazen “le corps-esprit” : il y a superposition entre l’image mentale et le corps réel.
- Pour les débutants, se concentrer sur les points de la posture n’est pas anodin. C’est une initiation à la maîtrise du corps-esprit.
- Les enseignants doivent utiliser des mots simples et précis pour expliquer la posture et créer des images mentales claires dans l’esprit des débutants :
- “Rentrez le menton.”
- “Basculez le bassin vers l’avant.”
- “Concentrez-vous trois centimètres sous le nombril.”
Ces instructions permettent de raviver des points-clés du corps. Par exemple :
- Relâcher les épaules, aligner le nez et le nombril sur une ligne verticale.
- Positionner les oreilles et les épaules sur un même plan.
Ces indications ne sont pas seulement mécaniques ; elles agissent aussi comme des mantras, aidant à l’apprentissage de la posture et à la construction d’une pensée liée à la posture du Bouddha. Cela permet une prise de conscience directe des tensions dans le corps et de la structure névrotique de notre posture karmique.
La pensée a une grande incidence sur notre vie. Ainsi, la posture et la respiration sont essentielles. La Bible raconte que Dieu façonna l’homme à partir d’argile et lui insuffla le souffle de vie. De même, dans le zen, nous façonnons notre “Bouddha” intérieur à travers une image mentale que nous réalisons dans notre corps, puis nous lui donnons le souffle de vie par la respiration.
Le souffle est ce qui maintient le corps en vie, mais il préexiste au corps et imprègne toute chose, y compris les éléments naturels comme les pierres, les métaux et l’eau. Ce souffle, lié à l’énergie et à l’information, est une réalité unique. Toute énergie est souffle, et toute énergie transporte des informations. Ainsi, l’air qui traverse vos poumons nourrit votre corps et véhicule également des informations. En méditant, vous purifiez cette information. C’est pourquoi les Bouddhas et bodhisattvas méditent, non seulement pour eux-mêmes, mais pour purifier l’information dans l’univers.
“Souffle, énergie, information” : ces trois aspects constituent une seule et même réalité.
Après zazen, on propose souvent une petite cérémonie, comme chanter une fois le Hannya Shingyo, suivie d’une session de questions. Poser une question est un exercice important dans la tradition zen. Trouver une question à poser est en soi un cheminement vers une meilleure compréhension.