Published: 13/10/2015 | Updated: 19/05/2024
Il y a également un autre aspect, dont je ne vous ai pas parlé, parce que j’essayais de vous expliquer la posture. Mon maître insistait beaucoup sur le fait d’essayer d’avoir la posture la meilleure possible, la plus noble, la plus droite, la plus forte, la plus calme.
Quand on s’intéresse à la posture de zazen, ça devient une œuvre d’art, quelque chose qui peut être extrêmement émouvant ou impressionnant. L’aspect dont je ne vous ai pas parlé, c’est l’immobilité.
Zazen consiste à se mettre dans une position de parfait équilibre, qui engendre dans le cerveau profond et le cortex la vigilance la plus extrême et en même temps les ondes du sommeil profond, de manière à tenir et à s’abandonner dans une posture parfaitement équilibrée.
Quand on est immobile, en fait, on ne l’est pas, puisque la terre elle-même fait partie d’un système de planètes qui tournent autour du soleil. Nous participons à un autre mouvement, et plus on est immobile, plus on participe parfaitement à cet autre mouvement du système solaire. (Pour information, ce n’est pas le soleil qui tourne autour de la Terre, mais c’est la Terre qui tourne autour du soleil ).
Mais le système solaire lui-même n’est pas immobile, il ne tourne pas sur place. Le soleil avance dans l’inconnu, à une vitesse de l’ordre de cinquante-quatre kilomètres par seconde. Il avance et il fait partie d’un mouvement immense qui est le mouvement de notre propre galaxie, qui tourne dans une spirale qui n’est pas n’importe quelle spirale, puisque c’est la spirale de Fibonacci, le nombre d’or phi.
Quand on s’immobilise dans cette posture, qu’on appelle dans le yoga la posture parfaite, on arrête ses mouvements personnels, on arrête ses problèmes d’ego et on s’ajuste, on s’intègre dans un mouvement beaucoup plus grand, beaucoup plus puissant et parfait. Il n’y a rien à faire.
D’ailleurs, moins on en fait, plus on fait véritablement le zazen authentique. Toutes les choses que voudraient faire les êtres humains sont complètement hors contexte, superficielles, voire parasites. Ça fait du bien une fois de temps en temps de s’asseoir dans la bonne posture, de respirer profondément, de calmer son mental et, simplement, de suivre le mouvement parfait.
Fin du zazen
Après le zazen, nous allons faire une petite cérémonie traditionnelle, qui se pratique normalement dans les temples. Pour les débutants qui ne connaissent pas, essayez de vous harmoniser, prenez votre coussin pour amortir la dureté du parquet, essayez de faire comme les autres si vous voulez, ou bien regardez simplement.
Après cette petite cérémonie, on va chanter un soutra très ancien qui est l’essence des six cents volumes de la Prajnaparamita, le Soutra du cœur. Le Hannya Shingyo, comme on l’appelle en japonais, est chanté sur toute la planète, chez tous les bouddhistes. Parfois, les langages sont un peu différents selon qu’on va au Vietnam ou au Tibet, au Japon ou en Inde, ou même en Argentine. Les syllabes sont parfois un peu modifiées, selon l’accent du pays, mais c’est le même soutra universel. Quand la cérémonie sera finie, les débutants, ou même les anciens, pourront poser une question. J’essaierai de répondre si je peux. Pendant la cérémonie, pensez à la question que vous pourriez poser. Ne vous prenez pas non plus la tête, ça peut être tout à fait simple ou bien simplement curieux. Après, on vous offrira un petit apéritif. Encore une minute de zazen.