Toujours le poème de Maître Wanshi « Conseils sur la pratique ».
Un ancien maître dit que la non-pensée établit la voie de la non-pensée. Finalement, chacun peut s’y établir.
C’est très important, la manière de penser pendant zazen, l’attitude de l’esprit. On essaie de créer un espace sans pensée de plus en plus vaste.
Maître Deshimaru nous disait toujours :
Si vous pensez à ne pas penser, vous pensez toujours.
Si je me dis : « Bon, j’arrête de penser, j’arrête de penser », finalement, je crée encore de la pensée, du mental dans l’esprit.
Sensei disait qu’il est naturel, quand on s’assoit en zazen, d’avoir beaucoup de pensées subconscientes qui remontent à la surface. Pour un peu, on pense encore plus que d’habitude, dans ce cas.
L’important c’est de ni lutter contre ses pensées, ni de suivre, de se laisser capter, hypnotiser par une discussion intérieure. Il faut laisser passer les pensées, telle une montagne laisse passer les nuages, et peu à peu le subconscient se calme. Si on ne crée pas de nouvelle discussion intérieure, si on ne se laisse pas absorber par des pensées ou par des rêves, alors se crée un espace silencieux de plus en plus vaste, où chacun peut s’établir.
Si vous comprenez ce mécanisme et la préciosité du zazen et du silence, vous pouvez même être capable de guider l’assemblée des disciples. Vous pouvez expliquer le zazen, vous pouvez aider les gens à le pratiquer.
Assis en silence, le mental transparent, promenez-vous au centre du cercle des merveilles. C’est ainsi que vous devez pénétrer la voie et l’étudier.
C’est vrai que dans les religions, en général, on veut parler à Dieu. Évidemment, pour parler à Dieu, il faut se taire intérieurement, il faut parler le langage de Dieu. Dieu ne s’intéresse pas à vos balbutiements, à vos complications, à vos plaintes, à vos gémissements.
Pour parler à Dieu, il faut aussi créer l’espace intérieur. En fait, créer l’espace intérieur, c’est parler à Dieu.
La pratique de la réalité véritable, c’est simplement de s’asseoir tranquillement dans l’observation silencieuse. Lorsque vous avez approfondi cela, vous n’êtes plus chamboulé par des causes et des conditions extérieures. Cet esprit vide, largement ouvert, vous illumine de façon subtile et juste.
Le nez, le nombril, sur une même ligne. Les épaules et les oreilles sur un même plan. Seulement quand on est dans le silence, on peut visualiser la géométrie de son propre corps en zazen.