Published: 24/03/2024 | Updated: 19/05/2024
Je vous lis des extraits du premier livre de Maître Deshimaru, que je lisais quand j’étais débutant. J’aime bien le relire de temps en temps. Il est très simple.
« Si nous abandonnons notre corps et notre esprit, si nous oublions notre moi, et si nous nous en remettons au pouvoir du Bouddha, de la posture, il n’est pas nécessaire d’utiliser notre propre énergie, notre propre esprit. Et à ce moment-là, nous pouvons nous séparer de la vie et de la mort. »
C’est de ça qu’on parle en faisant référence au satori. Devenir Bouddha. C’est prendre la posture et abandonner son ego, son corps, son esprit dans la posture du Bouddha. C’est tout. Maître Dogen dit à ce sujet que cet état de hishiryo est la signification de l’esprit du Bouddha. Ce n’est pas un être ou un esprit qui vient de notre ego, de notre conscience personnelle. Il y a un moment où il faut abandonner l’examen. Le jugement. La fixation sur les bonnes ou les mauvaises pensées. Couper. Arrêter nos problèmes, arrêter nos ennuis.
Dans la vie quotidienne, en zazen, nous devons arrêter toute chose. J’ai parlé du point d’équilibre du kin-hin. C’est surprenant parce qu’on est habitué à s’entendre dire qu’il faut se concentrer sous le nombril. Et c’est vrai pendant zazen. Pendant zazen, on se concentre à l’endroit où se joignent les pouces. Mais kin-hin, on devrait le pratiquer n’importe quand, dans la vie quotidienne.
Quand vous êtes en train de travailler, ou sous l’emprise des émotions, ou quand vous êtes impatient. Pendant une seconde, vous allez être dans la conscience des Bouddhas. Et on n’y pense pas. On est pris par nos soucis, notre activité, nos préoccupations, nos désirs. Et on ne pense pas à pratiquer kin-hin. Mais il ne faut pas avoir honte.
Pratiquez une ou deux respirations, et votre esprit change immédiatement. C’est extrêmement efficace et vous pouvez maîtriser vos émotions, et changer aussi la dimension de votre conscience, de votre pensée. Vous pouvez immédiatement passer à la pensée hishiryo en une respiration. C’est relié à la nuque, au cervelet qui est à l’arrière du cerveau. De par la posture de la tête, du fait de rentrer le menton, de ne pas laisser le front aller vers l’avant et d’ouvrir la nuque, ça change la conscience immédiatement.
J’ai entendu quelqu’un à la télévision parler de la pleine conscience. Je l’écoutais, ça m’intéressait. Et il parlait, il parlait, ça me semblait fastidieux et il ne disait rien. Et j’ai réfléchi à ce qu’il aurait fallu dire. C’est à travers le corps qu’on rentre dans la pleine conscience. Ce n’est pas une question cérébrale du cerveau frontal.
C’est ce que Maître Deshimaru nous a toujours enseigné. Et donc en particulier, par la position de la tête, de la nuque, du menton, qui est rentré. Et ensuite, vous pouvez par exemple vous concentrer sur les mains, en zazen.
C’est-à-dire, prêter attention avec délicatesse à vos mains. Les décontracter et les mettre dans une jolie position. Ne pas avoir les pouces contractés ou trop serrés l’un contre l’autre. Les pouces doivent être bien horizontaux. En contact délicat l’un avec l’autre. Et les mains doivent former un ovale comme un ballon de rugby. Les pouces se joignent horizontalement. Ils ne doivent former ni montagne ni vallée.
Une fois qu’on est bien positionné en kin-hin ou en zazen, on peut se connecter, donc s’oublier. On se connecte, on s’oublie. S’oublier, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas conscience, mais c’est une conscience universelle. Il faut apprendre à respirer zen. L’inspiration est profonde, comme si on creusait un trou dans le sol. Je vais faire du bruit pour essayer de vous montrer. Quand vous expirez.
À la fin, vous laissez l’air vous montrer. Vous contractez la masse abdominale, les intestins et vous suivez le message qu’ils vous donnent. C’est très compliqué. On ne sait pas ce qu’il faut contracter, ce qu’il faut décontracter. Il faut suivre l’intelligence du corps.