Published: 15/05/2014 | Updated: 18/11/2024
Je prépare actuellement la sesshin en étudiant l’enseignement du Bouddha tel qu’il est exposé dans la Prajnaparamita. Ce texte distingue trois mondes : le monde matériel, le monde immatériel et le monde du désir. C’est une vision que je ne connaissais pas et que je trouve très intéressante.
Pendant le zazen, l’expérience se situe entre le monde matériel et le monde immatériel. Le monde matériel correspond à notre corps, notre posture, à la réalité tangible de notre existence physique. En zazen, nous incarnons pleinement cette matérialité. Chaque millimètre de notre corps prend une importance particulière et exprime quelque chose. Cette noble posture, en elle-même, reflète un certain équilibre et remplit notre conscience du monde matériel.
Le lien entre le monde matériel et le monde immatériel est essentiel. Le monde immatériel est celui de la conscience et de la pensée. Pendant le zazen, en restant immobiles et en évitant de réagir, nous intégrons pleinement notre pensée et notre conscience. Par exemple, dans la vie quotidienne, si une mouche vole autour de nous, nous n’en prenons souvent pas conscience, distraits par de nombreuses occupations. En revanche, pendant le zazen, chaque détail, comme la présence de cette mouche, devient clair. Cet état de conscience accrue illustre le monde immatériel.
Le troisième monde est celui du désir. Il s’agit du monde de la vie quotidienne, où nous sommes constamment en train d’agir ou de réagir, poursuivant nos désirs ou fuyant ce que nous redoutons. Ce monde du désir est marqué par un décalage par rapport à l’ordre cosmique, c’est-à-dire le mouvement naturel des atomes, des cellules, du système solaire, de la galaxie et de l’univers tout entier. Nous participons à ce mouvement cosmique, mais nos désirs et nos peurs influencent nos interactions.
Lorsque nous pratiquons le zazen, il est souhaitable de retrouver un point d’équilibre entre le monde matériel et le monde immatériel, un état où, même pour une fraction de seconde, nous nous affranchissons des influences du monde du désir. Cet instant d’harmonie nous connecte à l’ordre naturel du cosmos.