Published: 04/05/2013 | Updated: 16/11/2024
Dans l’enseignement du Bouddha, tel qu’il est présenté dans la Prajnaparamita, il est fait mention de trois mondes distincts :
- Le monde matériel, qui inclut notre corps, notre posture et notre réalité physique.
- Le monde immatériel, composé de la conscience et de la pensée.
- Le monde du désir, qui représente les interactions quotidiennes dictées par nos aspirations et nos peurs.
Pendant la pratique du zazen, nous expérimentons une profonde interaction entre le monde matériel et le monde immatériel. Le corps devient le point de départ de cette expérience : chaque millimètre de notre posture, chaque sensation, exprime et incarne une certaine forme d’équilibre. En zazen, nous ne sommes pas éparpillés, mais totalement ancrés en nous-mêmes. Cette pleine présence remplit notre conscience du monde matériel et crée un pont vers le monde immatériel.
Dans cet état, la conscience et la pensée prennent une importance particulière. Habituellement, dans la vie quotidienne, notre attention est fragmentée. Par exemple, si une mouche vole dans la pièce, nous ne la remarquons pas, accaparés par mille préoccupations. En zazen, au contraire, même le bourdonnement d’une mouche est intégré dans notre conscience. Cette intensité d’attention reflète le monde immatériel, où l’esprit s’ouvre à une perception plus vaste.
Le troisième monde, celui du désir, est celui de la vie ordinaire, où nous agissons et réagissons selon nos peurs et nos envies. Le Bouddha appelle cela le “monde du désir” parce qu’il tend à nous décaler du mouvement naturel et harmonieux du cosmos. Ce cosmos inclut tout, depuis le mouvement des atomes et des cellules jusqu’aux systèmes solaires, galaxies et l’univers entier. Nous faisons partie de ce mouvement fondamental, mais dans le monde du désir, nous interférons avec lui par nos attachements et nos aversions.
La pratique du zazen vise à retrouver un point d’équilibre entre le monde matériel et le monde immatériel, et à s’affranchir, ne serait-ce que pour quelques secondes, du poids du monde du désir. Cet instant d’harmonie, même bref, nous reconnecte à l’ordre cosmique et au mouvement naturel de l’univers.
C’est une perspective profondément enrichissante que je développerai davantage lors de la sesshin de l’Ascension.