Published: 31/01/2016 | Updated: 11/06/2024
– J’ai compris que le corps donne la possibilité de faire une expérience. Mais une fois qu’on a cette expérience, c’est-à-dire l’impression dans l’âme, est-ce que quand on n’a plus de corps, c’est possible ?
– C’est ça le truc, c’est ça, c’est ce qui est bon. Quand on va au-delà de cette vie… Par exemple, les musulmans pensent que quand ils meurent, s’ils meurent dans de bonnes conditions, ils vont directement au paradis, après la mort. Ça veut dire que c’est important, après la mort.
Et comment se contrôle-t-on quand on est mort ? Comment se contrôle-t-on alors qu’on est en proie aux peurs, aux doutes : « Est-ce que je me suis trompé ? » Et aux influences qu’on ne voit pas, mais qu’on voit tout d’un coup ? Et donc c’est sublime.
Le gars qui a fait zazen, qui a l’habitude du zazen, s’assoit au milieu de ça et il rayonne, et tout le monde est heureux. Même son corps. Et quand tu commences à sentir ça alors que tu es encore vivant, c’est ça qui rend vraiment heureux.
Moi, j’ai mal aux genoux, j’ai mon genou à moitié pété, mais j’aime tellement le zazen ! C’est une passion depuis le début, depuis que je suis jeune. J’aime tellement le zazen que tant que ça tient, tant que la bête tient le coup, je vais continuer.
Et puis je le ressens dans mon âme, pas seulement dans mon corps. Et pourtant, mon corps commence à être pourri. À 65 ans, tu commences à être vieux. Mais j’ai encore envie de faire zazen.
Je pense qu’on a le zazen pour l’éternité. Je suis peut-être fou… Ma femme me dit souvent que je suis fou. Il paraît qu’en Afrique, c’est une insulte très grave. Il ne faut jamais dire à quelqu’un qu’il est fou parce que c’est vraiment très grave et ils n’aiment pas ça du tout.
En France, on dit souvent qu’on est fous, mais j’avais entendu dire que ça passe très mal. Ma femme me dit souvent que je suis fou. Je lui dis aussi qu’elle est folle. Mais penser à après la mort, on s’en fout. Mais vraiment, ce que je vous dis, c’est profond parce que ça peut se passer.
Mon maître disait que c’est le nirvana vivant. Quand on sent que l’empreinte existe au-delà du corps, on ressent une joie profonde, vraiment une grande joie, et on se sent plus libre. On se sent libre. Alors je crois que mon cadeau de 65 balais, c’est de ressentir cette joie.