Published: 15/06/2019 | Updated: 19/05/2024
Il s’appelait « concentration – observation », qui sont deux aspects de nous-mêmes. Quand on est concentré, on dit tout le temps : « concentrez-vous sur la posture ». L’attitude de zazen est concentration absolue : on oublie tout, on ne pense pas, on se concentre, on pousse la terre avec les genoux, on pousse le ciel avec la tête.
C’est vraiment très intense, alors que l’observateur, l’observation, fonctionnent sur un temps beaucoup plus lent, où on prend son temps. C’est comme si on se repassait une bande au ralenti.
La spécificité du zazen, c’est que le concentré et l’observateur sont très intimes l’un avec l’autre. Ils le sont toujours, puisqu’il y a des lois physiques qui parlent de l’intrication des particules. La nature des choses est intime et faite de concentration-observation.
C’est comme l’histoire du miroir dont je parle souvent : le reflet dans le miroir, c’est moi, mais moi je ne suis pas le reflet. C’est le concentré qui dit ça. Le reflet, c’est moi. Mais moi, je ne suis pas le reflet. Et l’observateur, lui, reçoit les informations du concentré, il les déchiffre, il les vit, il les savoure. Il y a les deux fonctionnements simultanément, en même temps.
C’est l’idée de la pensée hishiryo, dont parle Dogen. Ce n’est pas qu’on pense ou qu’on ne pense pas. Il y a des gens qui disent que le zazen c’est arrêter de penser. On n’est pas forcément conscient de ses pensées.
Par exemple, dans la vie quotidienne, quand on se concentre sur un travail, on est très concentré, on ne voit pas tout ce qui se passe autour, on ne le regarde pas, mais ça existe quand même. Et même quand on est concentré, des informations continuent à nous parvenir.