Comment penser : fushiryo et hishiryo

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Kusens de Maître Kosen
Comment penser : fushiryo et hishiryo
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Published: 15/03/2024 | Updated: 23/05/2024

Dans les conseils pour la pratique de zazen, il traite principalement de la pensée, de l’état d’esprit, de la conscience pendant zazen.

Une fois qu’on a pris la bonne posture, qu’on a équilibré sa respiration, on se retrouve face à sa conscience. J’ai entendu une phrase de Michel Onfray qui m’a amusé, parce je me suis dit que ça rejoignait l’enseignement du zen.

Il dit : « Faire penser les cerveaux en fonction de ce qu’on avait programmé », ou de ce qu’on aura programmé. Michel Onfray dit : « Faire penser, c’est le contraire de penser ». Et ça rejoint tout à fait l’explication de Maître Dogen qui dit :

« Comment penser pendant zazen ? Non-pensée ? Non, pas non-pensée. »

Non-pensée, ça se dit « Fushiryo » en japonais. Ce n’est pas fushiryo, ce n’est pas la pensée ordinaire, c’est hishiryo. Hi, ça veut dire absolu. Et on lui dit : « Qu’est-ce que c’est shiryo ? » Il répond: « C’est penser du tréfonds de la non-pensée. »

fushiryo

Entre chaque pensée, chaque conscience, il y a de l’espace, de la liberté, de l’intuition, de l’échange, du silence. En fait, c’est la vraie pensée, c’est la même définition que celle de nos philosophes. L’enseignement zen est simple et naturel.

Maître Wanshi continue :

« Vous devez avoir l’esprit large. »

Donc, de la place, de l’espace. Entier. C’est-à-dire, en interdépendance, mais sans compter sur les autres. Un esprit droit et indépendant. Quand vous laissez cet espace, vous commencez à ne pas poursuivre des situations qui dégénèrent. Quand on laisse l’espace entre ses pensées, pas seulement pendant zazen, mais par exemple, quand on se met tout de suite en colère, si on laisse de l’espace, on ne se met pas en colère, on calme le jeu, on se calme, on fait le vide dans son esprit et on repart. On repart non pas d’un formatage. Ce n’est pas forcément formaté par les autres, ça peut être formaté par soi-même, son esprit, sa pensée. On ne poursuit pas, on n’engendre pas des situations qui dégénèrent.

Si vous entretenez cet état d’espace, de revenir au silence dans votre vie quotidienne, dans votre façon d’être, vous pouvez demeurer dans cet état et devenir juste et lucide. C’est tout ce qu’on nous demande. Lumineux et pénétrant. Lumineux, ça veut dire que quand on laisse l’espace entre les pensées, qu’est-ce qui s’intègre entre les pensées ? C’est tout simplement de l’amour. L’amour, il faut lui laisser le temps. Et ce n’est pas en speedant qu’on va y arriver.

D’un état de calme, on peut retourner à l’action sans problème, on peut s’accorder avec les autres, avec toute chose, on peut faire face aux événements et les gérer. Rien n’est caché. Les nuages flottent gracieusement sur les sommets des montagnes. Vous voyez que la pensée de zazen est naturelle. Elle ne se différencie pas de la pensée naturelle, du bon sens. Les gens bien équilibrés sont zen. Il y a beaucoup de gens du zen qui sont un peu un peu spéciaux, mais c’est pour se soigner qu’ils pratiquent.

Sensei disait : « Mon dojo, c’est un peu un mini hôpital psychiatrique. » Les gens viennent se calmer, se soigner, étudier leur conscience profondément et éventuellement, corriger ses habitudes.

L’amour ou la lumière, c’est naturel. Quand on laisse la nature tranquille, qu’est-ce qui jaillit ? De l’amour et de la lumière. Il n’y a pas besoin de forcer, de voler, de calculer. Quand on laisse tranquille la terre, elle donne de l’amour et de la lumière. C’est comme dans la musique d’ailleurs. Ce qui donne le rythme, ce qui donne le swing, c’est le silence.