Published: 20/11/2018 | Updated: 19/05/2024
« Illuminer sa propre intériorité par la lumière du vide ne nécessite pas l’usage de l’esprit, de la puissance de l’esprit ». On en était venu à la conclusion que cette lumière du vide ne nécessite pas l’usage de la puissance de l’esprit, mais tout au contraire, nécessite l’absence d’utilisation de la puissance de l’esprit.
On se retrouve assis en lotus, face au mur, immobile, sans pouvoir bouger, et on se demande ce qu’il faut faire. On est toujours habitué à faire quelque chose, comment faut-il penser? Est-ce que le zazen est une condition spéciale?
Et Sosan dit :
« Il faut arrêter d’utiliser la puissance de l’esprit ».
La puissance de l’esprit, ce n’est pas seulement penser, c’est aussi vouloir être conscient des choses, vouloir contrôler.
Maître Deshimaru explique que les kanji de cette phrase se disent en japonais « komeï jiso » : illuminer sa propre intériorité par la clarté du vide. Ko, ça signifie vide, dans le sens de « sans conscience personnelle ». Clair, conscient, mais sans conscience personnelle. On a oublié quelque chose, on a oublié d’emporter quelque chose.
C’est comme quand on rentre dans le dojo, on dit nous dit de laisser nos sacs et nos téléphones dans le vestiaire. À partir de la poutre de la porte d’entrée, on laisse quelque chose derrière nous : notre conscience personnelle.
C’est pour ça qu’il y a tout un rituel et un comportement, une gestuelle codifiés. On ne fait pas ce que la conscience personnelle a envie de faire. On suit ce qu’on appelle les règles du dojo. On rentre du pied gauche, sauf le maître qui doit entrer du pied droit et sortir du pied gauche. Sinon, on doit entrer du pied gauche et sortir du pied droit. C’est un code qui fait qu’on ne suit plus notre conscience personnelle.
Ensuite, on place son zafu, on salue face au mur, et on salue ses voisins. Tout le comportement est minutieusement codifié. Et encore dans les temples, au Japon, c’est beaucoup plus développé. Nous, on a gardé l’essentiel.
Ensuite, on s’assoit dans la position du lotus, on se redresse bien. La posture doit être forte, droite, mais pas par la volonté. Notre conscience personnelle occupe beaucoup de place, beaucoup d’espace dans notre réalité. Quand elle disparaît, quand on l’oublie, quand elle s’évanouit, se révèle alors ce qu’on appelle la clarté du vide.
Dans ce poème, mei signifie clarté. Ji, c’est le Soi. Et Cho signifie « illuminer ». Deshimaru disait :
« Le silence, ça ne signifie pas seulement ne pas parler ».
Le kanji ko a le sens d’espace, de cosmos. Le ciel vide signifie aussi : sans préjugés.