Zen et christianisme

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Kusens de Maître Kosen
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Je vous ai parlé de la jeunesse de Maître Deshimaru, de ses doutes, de ses recherches, jusqu’à la rencontre avec Maître Kodo Sawaki et sa posture de zazen. La rencontre avec sa propre posture de zazen.

Quel bonheur ! Je crois que ceux qui ont rencontré leur posture de zazen n’ont pas perdu leur temps sur cette planète. C’est un cadeau incommensurable. Même si dans cette posture, il y a aussi de la souffrance, de l’angoisse. Dans cette posture, il y a tout, mais tout, qu’on regarde depuis le sommet.

Avant de rencontrer l’éducation de Maître Kodo Sawaki, Maître Deshimaru avait étudié la Bible. Il était un peu amoureux d’une jeune Hollandaise, fille d’un pasteur, et il en avait profité pour étudier la Bible et l’anglais. En fait, il a étudié l’anglais à travers la Bible. Il a fréquenté les églises chrétiennes et chanté des cantiques.

Je vous raconte cela parce que nous sommes pendant la période de Pâques et, en ce moment, Jésus est entre son cercueil et la quatrième ou la cinquième dimension.

D’ailleurs, Sensei nous racontait que lorsqu’il est venu en France, il a apporté sa Bible et les cantiques de sa jeunesse.

Pendant une sesshin de Pâques, il nous a fait un kusen sur le Christ.

Selon l’Évangile de Luc, lorsque le Christ a dû s’expliquer devant Ponce Pilate pour être jugé, ce dernier convoqua le grand prêtre et interrogea Jésus devant eux. Il leur dit :

Vous m’avez présenté cet homme comme détournant le peuple, influençant le peuple dans une mauvaise direction. Voici que moi, je l’ai interrogé devant vous, et je n’ai rien trouvé dans cet homme de mauvais. Je n’ai trouvé aucun des motifs dont vous l’accusez. Quant à Hérode, lui non plus n’a trouvé aucun motif d’accusation. Ma conclusion, c’est que rien n’a été fait par cet homme qui mérite la mort.

À cet instant, tout le peuple a crié tous ensemble :

À mort, à mort Jésus! Relâchez Barabbas !

Barabbas avait été mis en prison pour trouble et pour meurtre. Ponce Pilate se proposait de libérer un des prisonniers. Donc ils ont dit :

Non, non, crucifiez le Christ, libérez plutôt Barabbas !

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De nouveau, Ponce Pilate, qui voulait relâcher Jésus, leur adressa la parole et parla encore au peuple :

Mais écoutez, soyez raisonnables. Jésus n’a rien fait de mal, il a juste parlé, c’est tout.

Et tout le monde criait :

Crucifie-le, crucifie-le !

Alors finalement, Ponce Pilate a dit :

Bon, comme vous voulez, passons. Ce n’est pas mon problème.

On raconte qu’il a répondu là sa célèbre phrase :

Je m’en lave les mains.

C’est une expression qui veut dire qu’il faut se laver les mains le plus souvent possible pour éviter le coronavirus. Il faut dire à chaque fois : « Je m’en lave les mains. »

C’est l’enseignement de Maître Deshimaru. C’est lui qui raconte ça :

Ainsi, Jésus a été condamné par l’opinion publique. La psychologie de la foule a tué le Christ. Le mimétisme, le refus de se remettre en question ont tué le Christ. En effet, la foule, les groupes, contiennent en eux-mêmes une énergie puissante qui peut parfois être négative et dangereuse. Mais quand on se réunit pour faire zazen, c’est différent car chacun se regarde lui-même tout en étant à l’unisson avec le groupe.

C’est très important, surtout pour Zazoom. Par exemple, j’ai fait brûler un peu d’encens là, dans la pièce.

Sensei l’a souvent dit : en zazen, on est seul. Mais quand on fait zazen dans un dojo, en groupe, on est tout seul, mais il n’y a pas alors de confusion émotionnelle. Kodo Sawaki disait à ce sujet :

Nous ne devons pas vivre dans l’imbécillité de groupe et prendre cette aberration pour l’expérience véritable. Ceci est le lot des gens ordinaires qui ne savent pas voir les choses autrement qu’avec les yeux de l’imbécillité collective.

À l’époque du Bouddha, le Bouddha donnait un enseignement une fois par semaine au public. À tous les moines, tous les disciples et même aux laïcs. Ça se passait en plein air, dehors. Ils avaient sûrement des lieux privilégiés et le Bouddha donnait un enseignement et tout le monde était en zazen, écoutant les paroles du Bouddha. Ensuite, ils repartaient chacun de leur côté. Chacun pratiquait tout seul pendant une semaine, un mois, et puis revenait régulièrement au rendez-vous et écoutait les conférences.

C’est seulement en Chine que sont apparus les dojos et qu’on a commencé à pratiquer zazen en groupe, avec un ordre et des règles. Le groupe, c’est quelque chose de très puissant, qui peut être très puissant dans le bon comme dans le mauvais.

Sensei disait :

En vérité, Jésus Christ a donné son corps au goût de la mort à travers le lac profond du néant et du désespoir. Il est devenu par là un symbole de la vie éternelle. Sa vie est identique à un koan zen.

C’est Sensei qui disait ça.