Published: 07/09/2013 | Updated: 18/11/2024
Dans la société moderne, avec la surabondance d’informations que nous partageons, recevons et diffusons, une question essentielle se pose : “Quelle pensée mène véritablement le monde ?” Si l’on souhaite que ce monde évolue positivement, il est impératif de transmettre l’intelligence, plutôt que l’ignorance, la consommation, le désir ou la violence. L’intelligence, cependant, ne se résume pas à une accumulation de savoirs. Elle est une cohérence de la conscience.
La méditation est un outil puissant pour développer cette intelligence, en restaurant cette cohérence intérieure. Il s’agit de “reprendre conscience en soi”. Cela dépasse la simple notion de “reprendre confiance en soi” : si l’on n’a pas conscience de soi, la confiance ne peut exister. En latin, meditare (in medio) signifie “revenir en soi”. Le zazen incarne cet acte : revenir à soi par une conscience totale, mobilisant 100 % du corps et de l’esprit — voire 110 %.
Dans le zen, “corps-esprit” est un mot unique. Revenir en soi implique tout le corps, pas seulement le cerveau. Chaque détail de la posture est essentiel. Il s’agit d’assumer son corps tel qu’il est, avec ses imperfections énergétiques, génétiques ou physiologiques. Le zazen rassemble toutes ces facettes pour atteindre une posture parfaite, celle du corps et de l’esprit unifiés.
Cette posture n’est pas qu’une gymnastique ou une technique de yoga. Même un danseur ou un yogi expérimenté, avec un corps souple et tonique, ne pourra trouver la véritable posture sans intégrer l’esprit. Il ne suffit pas d’être gracieux ou droit : il faut adopter l’état d’esprit de la posture.
Pour méditer véritablement, il est crucial de couper l’influence des informations extérieures. Même les enseignements d’un maître dans un dojo ne doivent pas être reçus comme de simples informations. Maître Dôgen explique : “Pour s’étudier soi-même, il faut s’oublier soi-même.” Cet oubli de soi mène à une révélation : “Lorsque vous vous oubliez vous-même, vous êtes certifié par toutes les existences.”
Qu’entend-on par “toutes les existences” ? Commençons par nos cellules : notre conscience est une communauté d’entités vivantes, un amas d’existences. Notre corps contient plus de bactéries que de cellules. Certaines collaborent à notre survie, d’autres nous nuisent. Même ces éléments étrangers font partie de nous. De plus, notre corps respire, échange en permanence avec l’environnement. Ces interactions montrent que notre “moi” dépasse largement les limites que nous lui assignons.
Ainsi, selon maître Dôgen, en s’oubliant soi-même, on réalise que “soi-même”, c’est toutes les existences. Notre conscience de nous-mêmes est souvent limitée par des besoins fonctionnels de survie, mais fondamentalement, elle est illimitée. Nous ne sommes pas seulement nous-mêmes : nous sommes la somme de toutes les existences.