Poème 46 du Shin Jin Mei

2016 02 15 46
Kusens de Maître Kosen
Poème 46 du Shin Jin Mei
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Je continue un peu sur le Shinjinmei, spécialement là où j’en suis,  les poèmes 46 et 47, qui correspondent à l’enseignement que j’ai donné à la dernière session du camp d’été et que je vais continuer à donner à la prochaine.

Le poème 46 dit :

Si nos yeux ne dorment pas, tous nos rêves s’évanouissent.

C’est un peu le thème que j’ai abordé lors de la sesshin d’hiver. En tant que débutants, nous avons toujours appris qu’il y a trois principaux axes dans la méditation du zazen :

  1. la posture,
  2. la respiration
  3. l’attitude de l’esprit.

C’est le chemin pour maîtriser notre corps et notre esprit.

En ce moment, j’ai beaucoup étudié d’anciens sutras indiens et des écrits sur la respiration yogique. Souvent, ils insistent sur le fait de fermer les yeux pendant les exercices respiratoires pour éviter que l’esprit ne se disperse.

Pendant le zazen, il n’est pas tout à fait interdit de fermer les yeux, mais c’est pour se rééquilibrer et se calmer un peu. Parfois, il est conseillé de fermer légèrement les yeux pour calmer le système nerveux autonome.

J’ai déjà expliqué pendant la sesshin qu’on n’a pas un regard objectif, lorsqu’on garde les yeux ouverts, en fixant un point quelconque, comme si on regardait la télévision. Les yeux restent ouverts et l’objectif et le subjectif se mélangent harmonieusement. D’où ce poème :

Si nos yeux ne dorment pas, tous nos rêves s’évanouissent.

Le standard du zazen, de l’éveil du Bouddha, c’est la posture avec les yeux ouverts. Si l’on garde les yeux fermés, on a trop tendance à partir dans l’imagination, à rêver ou à suivre ses pensées. Quand on réussit à être bien stable, on garde les yeux ouverts et dirigés dans la bonne direction, avec la juste intention.

Alors, le deuxième poème, le numéro 47 :

Si l’esprit n’est pas soumis aux différenciations, toutes les existences du cosmos deviennent unité.

Il parle d’abord des yeux ouverts, puis de l’esprit qui doit dépasser la différenciation entre l’objectif et le subjectif.

poeme 46 du shinjinmei

Pour finir, la manière de dépasser cette différenciation, c’est de maîtriser son souffle. Quand on maîtrise son souffle, la différenciation disparaît.

Le Bouddha, parle dans ce sutra Anapanasati sur la respiration. Il explique qu’il faut lâcher son corps matériel et obtenir le corps de souffle. Pour obtenir ce corps de souffle, il faut placer son attention, sa conscience sur le souffle. Non pas sur les pensées, les douleurs, les souvenirs ou les rêves, mais en étant bien ici et maintenant, placer son attention sur le souffle en l’acceptant tel qu’il est. Plus particulièrement sur le moment où l’inspiration se transforme en expiration et sur le moment où l’expiration se transforme en inspiration.

Petit à petit, comme on dresse un cheval, on va pouvoir prendre le contrôle de son souffle. À ce moment-là, on est éveillé, sans dualité, et rempli de l’énergie du cosmos. Posture, respiration, attitude de l’esprit.