Maître Wanshi a écrit un texte extrêmement important qui s’appelle le Zazen Shin. Zazen, vous savez ce que c’est. Shin, ça signifie l’aiguille d’acupuncture, le point précis qui va corriger votre déséquilibre énergétique. Plus les acupuncteurs sont expérimentés, et plus ils utilisent une aiguille fine, comme un cheveu. Mais encore faut-il trouver le bon point.
Normalement, un bon acupuncteur ne met pas plus de sept aiguilles, mais là, Maître Wanshi utilise uniquement une seule aiguille. Il va choisir seulement un point pour corriger, pour soigner. Il ne va pas corriger la posture du corps, mais la posture de l’esprit.
Dans le zen, il y a trois aspects fondamentaux. Il y a la posture, la respiration et l’attitude de l’esprit.
Ça change tout, l’attitude de l’esprit : dans quelle attitude de l’esprit pratiquez-vous zazen ? C’est une question très intéressante. Quelle posture de l’esprit ?
C’est peut-être le texte que j’admire le plus, ce Zazen Shin de Wanshi. Il dit :
« Zazen, l’attitude de l’esprit correcte, c’est briller sans toucher l’objet ».
C’est ça, c’est cette phrase-là. « Briller sans toucher l’objet », c’est ça la bonne posture de l’esprit.
Les premiers objets qui nous concernent en zazen, c’est évidemment notre corps et notre mental. C’est ça l’objet, en général. On fait zazen justement en se préoccupant en priorité de notre corps et de notre mental. C’est un déséquilibre, ce n’est pas bon. Wanshi corrige avec son aiguille.
Briller, qu’est-ce que ça veut dire briller ? Ça veut dire conscience. Qu’est-ce qui brille ? C’est l’espace, l’esprit.
Qu’est-ce qui est lourd et obscur? C’est l’objet.
Wanshi dit : en zazen, ne vous occupez pas de l’objet, abandonnez-le. D’ailleurs, Maître Dôgen le dit également : « se dépouiller du corps et de l’esprit », se dépouiller du corps et du mental directement. On n’en tient pas compte, on passe au travers, ou plutôt on voit le vide, l’espace, dans l’objet, donc la lumière. On illumine l’objet.
C’est un grand secret médical du zazen; de ne pas toucher l’objet. Vous êtes directement au-delà de ce corps et de son mental. Quand vous comprenez un aspect, vous comprenez beaucoup d’autres aspects.
Il y a aussi un maître qui disait : « Passez au travers ». Asseyez vous au travers, transpercez, passez au-delà, directement. Mais s’il n’y a pas un maître autorisé, avec l’autorité de sa parole, qui vous dit que c’est possible ? Qui vous dit qu’il faut faire cela ? Vous pouvez passer cent ans à observer votre corps et votre mental, sans savoir qu’il faut passer au travers directement. Ne pas toucher.