Mondo du 6 mai 2015

Mondo - questions à un maître zen
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Mondo du 6 mai 2015
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Published: 06/05/2015 | Updated: 21/11/2024

Question : Que pensez-vous de l’utilisation des mantras dans la pratique du zazen ?

Maître Kosen : Je pense que les mantras peuvent être utiles, surtout au début. Au Japon, certaines sectes les utilisent en récitant des formules comme une pratique régulière. Si l’on est envahi par des pensées parasites, le mantra peut aider. Il nous permet d’imposer une pensée choisie, ce qui favorise la concentration.

Cependant, dans le zazen, on va directement à la racine. L’important est la posture. En se concentrant sur la posture de Bouddha, on ancre peu à peu cette forme dans ce que j’appelle un réseau neuronal.

Quand vous pratiquez le zazen régulièrement, disons depuis cinq ou dix ans, vous construisez progressivement ce réseau dans votre conscience. La posture devient alors une source de concentration et de maîtrise des pensées, bien plus puissante qu’un mantra, qui reste une méthode un peu extérieure.

Question : Pouvez-vous donner des exemples de mantras utilisés au Japon ?

Maître Kosen : Oui, bien sûr. Il y a, par exemple, le mantra d’Amida Bouddha, récité ainsi : “Namu Amida Butsu, Namu Amida Butsu”… On a aussi le Sūtra de Kannon, avec “Namu Kanzeon Bosatsu” ou encore le fameux “Nam Myoho Renge Kyo” du Sūtra du Lotus.

Certaines écoles affirment qu’en récitant ces mantras, on peut obtenir tout ce qu’on désire : une machine à laver, une télévision… Mais ce n’est pas du tout l’approche du zazen.

Question : Vous parlez beaucoup de l’importance de la posture. Pourquoi est-elle si essentielle ?

Maître Kosen : La posture est plus forte que la pensée. Elle nous dépasse.

Quand on se laisse envahir par des pensées, ce sont souvent des pensées conditionnées. Ces pensées conditionnées sont façonnées par notre passé, nos expériences, notre génétique, notre karma. Elles fonctionnent comme un programme par défaut, un logiciel pré-enregistré.

En zazen, on dépasse ces schémas conditionnés pour atteindre une autre forme de pensée : la pensée créative. Au-delà de cela, il y a la non-pensée, qui est encore plus profonde.

Tout dans le zazen a son importance, même des détails comme la posture des mains. Par exemple, si on pousse trop fort avec les pouces, ou si les mains tombent, cela perturbe l’ensemble. Ce n’est pas de l’à-peu-près.

Question : Et avec le temps, la posture évolue ?

Maître Kosen : Absolument. Même en vieillissant, la maîtrise de la posture continue d’évoluer. Parfois, on a mal aux genoux, on souffre de rhumatismes ou d’autres désagréments liés à l’âge. Mais grâce au réseau neuronal créé par la répétition de la posture, celle-ci reste ancrée dans le cerveau.

Même en cas de difficultés physiques, on peut retrouver l’esprit de la posture. C’est cela, l’essentiel.