Published: 20/10/2012 | Updated: 17/11/2024
La phrase suivante du Shin Jin Mei affirme :
Ne demeurez pas dans les préjugés,
Ne recherchez pas le dualisme.
Les préjugés constituent une véritable maladie de notre époque. Alors même que nous manquons de certitudes sur de nombreux sujets, nous avons tendance à nous enfermer dans des positions rigides pour défendre des valeurs qui nous semblent importantes. Cela revient souvent à se ranger derrière des idées préconçues.
- Par exemple, un ami d’enfance, aujourd’hui photographe, partage régulièrement de superbes clichés de cathédrales et d’églises. Inspiré, je lui ai envoyé un article sur une abbaye et un évêque du XIVe siècle, dont il a été découvert qu’il pratiquait un culte lié à Isis, une déesse égyptienne. Pourtant, sa réponse fut catégorique : “Je ne m’intéresse pas aux bondieuseries.” Il ajouta qu’en tant qu’ancien soixante-huitard, ces sujets lui semblaient dénués d’intérêt.
- Ce rejet témoigne d’un préjugé enraciné, une manière de se défendre contre des idées ou des expériences perçues comme incompatibles avec sa vision du monde.
Dans la vie, ces attitudes sont omniprésentes. Les préjugés peuvent devenir des mécanismes de protection face à la peur ou à l’inconnu. Cependant, ils nous enferment dans des dualités simplistes : “blanc contre noir”, “pour ou contre”.
La pratique du *zazen* invite à dépasser cette vision dualiste. Elle ne consiste pas à penser ou à parler, mais à ressentir et à être pleinement présent à soi-même. Cela implique de faire face à ses blocages, ses douleurs et ses impatiences sans chercher à lutter ou à fuir. Très souvent, nos propres préjugés s’opposent à nous et entravent notre pratique. Pourtant, en embrassant nos contradictions, nous apprenons à dépasser ces limitations.
Les poèmes des anciens maîtres, souvent sous forme de kôans, offrent des énigmes destinées à approfondir notre compréhension de l’état d’esprit nécessaire à cette posture. Ils nous rappellent que pour progresser, il faut accepter et transcender les contradictions inhérentes à notre condition.