Published: 05/04/2014 | Updated: 18/11/2024
Question : “Tu parles du hara qui suit la respiration ? Je me demandais si la respiration n’était pas connectée au hara, plus que de simplement la suivre, en fait.”
Réponse : Des fois, oui, c’est connecté à la vie, c’est connecté. C’est vraiment une porte. Nous sommes faits de bandes énergétiques, à l’intérieur comme à l’extérieur, et le hara est le point où ces bandes se connectent. C’est donc très important.
Mais suivre seulement la respiration ordinaire — gonfler le ventre à l’inspiration et le rentrer à l’expiration — ce n’est pas encore ça. En fait, les maîtres enseignent une respiration inverse, mais pas parce qu’il faut absolument la faire ainsi. Ils enseignent cela pour casser nos habitudes, pour libérer cette énergie. Si on pousse sur les intestins de façon rigide, on bloque ; et si on bloque dans l’autre sens, ce n’est pas mieux. L’énergie doit être libre.
Quand le kikaï tanden (point énergétique sous le nombril) est ouvert, il devient possible d’ouvrir tous les autres points énergétiques (ou chakras). Le hara est la base : sans énergie dans ce point fondamental, il est impossible de se connecter aux autres centres énergétiques.
Dans le taoïsme, on purifie cette énergie en la faisant circuler autour du corps avant de la ramener au hara, qui agit comme un réservoir énergétique. C’est un point clé, connu des samouraïs, qui apprenaient à se concentrer sur le hara avec des exercices spécifiques.
Un disciple de Maître Deshimaru, pratiquant de judo et de karaté, lui a demandé si la respiration inverse était essentielle. Maître Deshimaru a répondu que ce n’était pas l’exercice en lui-même qui comptait, mais la maîtrise de la tension juste au niveau du hara. En réalité, détendre cette zone est souvent plus difficile que de la tendre. La plupart des gens tendent leur abdomen de manière involontaire, concentrant leur énergie vers le haut, au niveau de l’estomac, ce qui bloque le flux naturel vers le bas.
Quand l’énergie est placée dans le hara, elle se stabilise, le mental se calme, et la concentration devient accessible dans tout ce qu’on fait. C’est la base du zen. C’est simple en apparence, mais en pratique, cela peut prendre des décennies à maîtriser.
Question : “Quand on parle de respiration inverse, on dit qu’à l’expiration, on pousse sur les intestins, mais est-ce juste une impression musculaire au niveau du nombril ?”
Réponse : Oui, au niveau du ressenti, cela peut être interprété ainsi. Normalement, quand on ne pratique pas zazen, à l’expiration, le ventre se rentre, et à l’inspiration, il se gonfle. En posture de zazen, Maître Deshimaru enseignait l’inverse : à l’expiration, on pousse sur les intestins et le nombril s’étend légèrement, tandis qu’à l’inspiration, on relâche.
Le plus difficile est de relâcher à l’inspiration. Si on n’arrive pas à le faire, cela peut être mauvais pour la santé. Certains enseignements se contentent de demander de placer la conscience sous le nombril, sans tension excessive ni relâchement excessif. Avec des années de pratique, cette source d’énergie devient naturelle et autonome.
Dans la vie quotidienne, que ce soit en calligraphie ou dans le Samu (travail méditatif), on reste concentré, sans distraction. C’est là un des secrets du zen.