Le code de la porte secrète

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Kusens de Maître Kosen
Le code de la porte secrète
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On dit aussi que le réchauffement climatique est dû aux activités humaines. Trop de croissance, trop de monde, trop de dépense d’énergie, trop de recherche, trop d’avidité, ça surchauffe. On dit que la cause de tous les dérèglements, c’est l’être humain.

Mon maître Deshimaru enseignait, quand j’étais débutant (je le suis toujours) :

« Zazen, c’est le satori ».

À l’époque, dans les années 70, le mot satori était très intéressant. On voulait savoir ce que c’était que le satori, une sorte d’illumination. Les gens voulaient pratiquer zazen pour éventuellement obtenir le satori. Et sensei disait : « Non, non, zazen lui-même, la posture de Bouddha elle-même est le satori. Il n’y a pas de satori en dehors de zazen ».

C’est ça, l’enseignement de Maître Deshimaru. Il disait :

« Le satori, c’est le retour aux conditions normales ».

Évidemment, nous, les jeunes, on était un peu déçus. Condition normale, c’est chiant. On aimait bien fumer des joints, prendre du LSD, tout ça. Les conditions normales, ça ne nous intéressait pas tellement.

Mais maintenant, en 2018, les conditions normales, c’est très recherché. Les saisons normales, un climat normal, une pollution normale ou plutôt, une oxygénation, une qualité de l’air normale, un océan normal, une faune, une flore normales. Ça devient précieux, la normalité.

kosen zazen nature

N’oubliez jamais ces mots : « Zazen lui-même est le satori ». Qu’est-ce que c’est le satori ? C’est être au bon moment au bon endroit. C’est très difficile ! Quand vous prenez la posture du Bouddha, vous êtes au bon moment, au bon endroit. Vous êtes normal, vous vous resynchronisez avec l’ordre cosmique. C’est mécanique, c’est ça que je suis en train de découvrir. Enfin, je l’ai toujours découvert, mais ça devient de plus en plus clair et précis.

Avec son squelette d’être humain anormal, décalé, pollueur, quand on prend la posture du Bouddha, c’est mécanique, on se recale dans le rythme cosmique universel et c’est le satori.

C’est ça le satori. C’est tout simple, mais quand on est tellement éloigné des conditions normales comme nous le sommes maintenant, ça a une valeur énorme.

Et qu’est-ce que c’est zazen, puisque c’est le satori ? Zazen, c’est prendre la posture exacte. C’est comme un code pour ouvrir une porte secrète. On voit ça dans les films : il faut appuyer sur ça, il faut que le rayon de lumière arrive là, juste au bon endroit, et tout d’un coup, la porte s’ouvre. Le zazen, c’est la même chose : il faut aligner vos os, vous asseoir en lotus sur la pointe des ischions, sur le coussin. La position du Bouddha, c’est en lotus. Si vous ne pouvez pas faire le lotus, faites le demi-lotus. Mais le lotus, ça n’a rien à voir, ça inverse les polarités.

Dès que vous prenez le lotus, au lieu de forcer, d’avoir mal, de vous emmerder, vous lâchez. Quand vous apprenez la posture aux débutants, n’ayez pas de complexe. Il faut expliquer, appeler les choses par leur nom. Un torchon, c’est un torchon. Une serviette, c’est une serviette. Et la posture du Bouddha, c’est précis. Quand on se met précisément comme il faut et qu’on respire comme il faut, on se recale, on soigne son corps et son esprit.

C’est merveilleux et c’est très simple. Ce n’est pas sophistiqué, ce n’est pas une condition spéciale, ce n’est pas un satori spécial, plus que les autres. « Moi, j’ai plus le satori que les autres ». Non, c’est juste normal. Vous vous rendez compte que si dans le système solaire, il y a quelque chose qui est anormal, tout pète tout de suite.

Les planètes sont précisément au bon endroit, au bon moment en mouvement, évidemment, ça bouge tout le temps. Le secret, il est clair. On connaît la méthode, il faut faire l’effort pour y arriver, il faut s’entraîner.

Moi qui ai été blessé, je suis obligé de reprendre l’entraînement à zéro, même à moins que zéro. C’est pour ça que je le comprends précisément. Vous prendrez conscience que c’est extraordinaire de pouvoir se recaler à l’ordre cosmique. Sensei le répétait tout le temps :

« You must follow cosmic order! »

Il me criait dessus, parfois :

« Stéphane, you must follow cosmic order! What are you doing? You must follow cosmic order! »