Published: 14/10/2012 | Updated: 17/11/2024
Si vous arrivez à prendre la posture, ne serait-ce qu’une minute, alors vous pourrez la tenir dix minutes, puis une demi-heure, puis une heure.
L’important est de pouvoir adopter cette posture correctement, même pour quelques secondes. Une fois cet effort accompli, le corps finit par mémoriser et imposer naturellement cette posture.
C’est là l’essence même de l’enseignement du zazen, tel qu’il a été transmis par les Bouddhas depuis 2 500 ans. Une pratique d’une simplicité incroyable : tout repose sur le fait de prendre la posture de Bouddha. C’est le cœur de la transmission enseignée par Maître Kodo Sawaki, maître de Deshimaru.
Kodo Sawaki, jeune homme animé d’une forte intuition pour le zazen, a décidé très tôt de devenir moine. Il a marché plus de 1000 kilomètres pour rejoindre le grand temple d’Aiji. Là-bas, il fut accueilli non comme un moine, mais comme un mendiant, et affecté au travail des cuisines. Ne possédant pas l’ordination, il lui était interdit de pratiquer le zazen avec les moines, dans un système très strict et hiérarchisé.
Malgré tout, Sawaki nourrissait une fascination pour cette pratique. Il observait les moines en cachette, à travers les portes ou les peintures. Un jour, seul dans la cuisine, il s’est assis sur un sac de riz et a adopté la posture du Bouddha, en lotus, avec une profonde sincérité.
Alors qu’il pratiquait ainsi, un supérieur du temple entra par hasard et le surprit. Sawaki, habitué aux réprimandes et aux abus d’autorité, s’attendait au pire. Mais à sa grande surprise, le supérieur joignit les mains et le salua respectueusement. Ce moment fut un véritable choc pour lui, une révélation : il comprit alors la puissance et la majesté de la posture de Bouddha, et sa valeur inestimable.
L’enseignement du zazen repose sur un processus progressif :
Au début, on apprend des techniques. On place les genoux, la tête, les mains, les bras selon des instructions précises. C’est un travail minutieux et souvent frustrant, car cela met en lumière la lourdeur et les tensions de notre corps. La pratique est désagréable, parfois douloureuse, surtout au début. Mais cette difficulté fait partie de l’expérience humaine du zazen.
Une fois que tout l’effort humain a été investi pour ajuster la posture, il faut abandonner. Laisser tomber l’ego, les douleurs, les pensées, les impatiences. On lâche prise, corps et esprit, pour ne plus rien contrôler.
C’est dans cet abandon que réside le véritable sens du zazen : ne plus imiter le Bouddha, mais laisser la posture devenir pleinement soi.