Published: 30/03/2024 | Updated: 23/05/2024
À chaque expiration, on va porter le poids du corps sur la jambe avant, on va tendre le genou, on va pousser le sol avec la racine du gros orteil, avec la plante du pied, on va pousser le ciel avec la tête. On va rentrer le menton, comme si on voulait étirer le corps de la terre au ciel. Tout ça pendant l’expiration. On expire, on inspire, on expire.
À la fin de l’expiration, on laisse l’air remplir les poumons, comme je vous ai expliqué tout à l’heure. L’inspiration est plus rapide que l’expiration. On gonfle bien ses poumons et on fait un nouveau pas en même temps que l’inspiration. Et on commence l’expiration longue, longue, longue, en portant le poids du corps sur la jambe avant. Fin de l’expiration, on laisse l’air nous remplir. On fait un nouveau pas. Expiration, tension, force, enracinement. Pendant l’expiration, on laisse remonter l’énergie jusqu’au sommet du crâne. Pendant l’inspiration, on gonfle bien ses poumons. On se détend, on lâche les tensions pendant l’inspiration.
Attitude de l’esprit
Ensuite, j’ai parlé de l’attitude de l’esprit. La posture de kin-hin est une posture que vous pouvez prendre à n’importe quel moment de la journée. Ça prend quelques secondes. Vous vous tenez bien droit, vous faites un ou deux pas, restez sur la respiration, et vous calmez votre mental.
L’état d’esprit, ça va aussi avec la posture. Par exemple, si vous vous mettez en colère, ou si vous menacez quelqu’un, vous allez montrer votre poing, vous allez exprimer par tout votre corps votre agressivité.
La posture et la conscience de zazen et de kin-hin s’expriment également avec le corps. On va bien aligner la colonne vertébrale. La position de la tête est très importante pour la conscience, la posture assise du Bouddha.
En réalité, Maître Dôgen dit que ce n’est pas une posture assise. On n’est pas assis, on est dressé, on est éveillé, on est alerte, on n’est pas dans le laisser-aller. N’oubliez pas de pousser la terre avec les genoux, pousser le ciel avec la tête et pousser le point du périnée sur le coussin, sur le zafu.
C’est un méridien de médecine chinoise, le Chong Maï. Il transperce le corps du sommet de la tête jusqu’au périnée. Ce point est situé entre l’anus et les organes sexuels. La posture du Bouddha est tout à fait spécifique, parce que les deux contradictions, tension et détente, sont en marche. Les deux cerveaux, observation et concentration, sont en branle.
Éveil et sommeil
Quand on analyse les zones du cerveau, on se rend compte qu’il y a en même temps les zones du sommeil profond et en même temps les zones de l’éveil total. Quand on est attentif à quelque chose, quand on est concentré, passionné par un livre ou qu’on rentre un fil dans le chas d’une aiguille, par exemple. On est éveillé, on est en concentration. Ces deux zones contradictoires du cerveau sont toutes les deux en marche en même temps. Alors que normalement, quand on dort, ou qu’on se réveille, tantôt on fait quelque chose, tantôt on ne fait rien. Tantôt on pense, tantôt on ne pense pas.
Pensée de zazen
Chez la plupart des gens, la pensée n’a pas de fin : une pensée en entraîne une autre qui en entraîne une autre, qui en entraîne une autre, etc. On appelle ça le mental. Et de la naissance à la mort – c’est une caricature, bien sûr – on suit la même pensée qui s’enchevêtre dans une autre comme une chaîne.
Comment arrêter de penser ? C’est pour ça qu’on mobilise la posture. On mobilise tout le corps. La pensée devient tout son être, tout son corps. Quand on a la bonne posture et la bonne tension, on retrouve la racine de la conscience. À ce moment-là, on pense, il y a encore des pensées, mais on pense à partir de la non-pensée. La pensée est libre pour la première fois.