Ku, la vacuité

Kusens de Maître Kosen
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Ku, la vacuité
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Published: 23/06/2012 | Updated: 12/11/2024

La phrase suivante du Shinjinmei est très incompréhensible. La phrase est la suivante :

Le changement du coup ordinaire dépend de la naissance de nos illusions.

 

Rien que ça. Mais, alors, le ku dans le bouddhisme. En sanskrit, “Sunyata”, c’est la notion de vide, d’espace, et également d’énergie.

Alors, qu’est-ce que le ku ordinaire ? En fait, notre réalité est basée sur un contraste, sur le contraste entre l’espace et les objets. Même dans notre propre conscience, on peut considérer que les objets sont représentés par nos pensées. Nos pensées représentent un objet, par rapport à la non-pensée qui va représenter un espace vide. Ou, comme on dit, pour définir un espace, pour définir un objet, nous avons besoin de l’espace. De même que pour définir l’ombre, on a besoin de la lumière.

Donc le ku ordinaire, c’est-à-dire notre notion de vide, c’est la pensée, la conscience ordinaire. On définit donc le vide d’après la largeur, la grandeur, l’amplitude de notre propre conscience et de notre expérience. Si on a des illusions ordinaires, notre notion d’espace, d’énergie, de vide est ordinaire. Il faut savoir que toutes nos notions humaines de réalité sont totalement aléatoires. Elles sont aléatoires. Elles nous dépassent, nous-mêmes, en nous en pensant. Nous pensons à notre civilisation, à notre humanité, comme quelque chose de spécifique par rapport au reste de ce que l’on connaît.

Mais la vérité, c’est que la réalité de l’humanité existait déjà avant même l’idée de son commencement. Et si cela avait été, par exemple, les singes qui avaient construit une société civilisée, ou les dinosaures ? Il y aurait une grande différence avec notre réalité humaine. Mais fondamentalement, la notion du ku ordinaire aurait été la même.

Par exemple, notre conscience est telle qu’elle est en relation avec notre système solaire. Notre système solaire existait avant nous et nous y sommes. Notre conscience est calquée à partir du système solaire tel qu’il est. S’il y avait deux ou trois soleils, ça changerait tout. Si dans notre système solaire, il y avait d’autres planètes habitées, ça changerait tout. S’il y avait plusieurs lunes, ça changerait tout. Si la force gravitationnelle de la Terre était différente, ça changerait tout. Toute notre conscience.

Et ça a été prouvé dernièrement. Je crois que c’est les Russes qui ont publié cette information. Ils ont découvert, surtout en faisant des voyages interstellaires dans l’espace, qu’ils ont découvert que la notion du temps humain dépendait complètement de la force gravitationnelle. Donc on n’aura pas du tout la même notion de temps sur la Lune.

Si on marche, si on vit sur la Lune, on n’aura pas du tout la même notion de temps à cause de la gravité qui va être différente de la Terre. Et on dit qu’en ce moment, enfin, depuis quelques années, on a observé que la force gravitationnelle de la Terre diminuait. Et donc notre notion du temps est en train de changer. Elle est complètement liée à la force gravitationnelle.

Donc la notion du ku du vide, de l’espace ordinaire dépend de nos illusions. Et alors c’est très bien rendu dans la calligraphie chinoise ou japonaise, évidemment. Le noir sur le blanc, c’est tout à fait la complémentarité entre la forme et l’espace. Non, je ne suis pas un maître en calligraphie, mais je sais que l’espace est tout aussi important que la lettre, que l’idéogramme lui-même. Donc il doit être parfaitement placé, équilibré et entrer totalement en fusion en relation avec l’espace de la feuille blanche.

Il y a deux mouvements différents qui se produisent dans notre corps pendant zazen. Alors, ce qu’on appelle l’immobilité, puisque apparemment on est immobile pendant zazen, c’est justement le fait qu’on ne fait pas intervenir de mouvement issu de la volonté personnelle, du mouvement réactif local. Il y a deux sortes principales de mouvement réactif, liées à l’ego, à la survie de notre être. Ce sont des mouvements qui tentent à attraper quelque chose, à courir après quelque chose, ou alors au contraire des mouvements qui consistent à fuir, à échapper à quelque chose. Donc ça, ce sont les mouvements qu’on arrête quand on fait zazen. Mais même quand on arrête ces mouvements personnels, il se produit une autre sorte de mouvement qui est lié justement au système solaire et vraisemblablement beaucoup plus loin que ça, peut-être même un système galactique ou universel.

Donc, ce qui va être un mouvement imperceptible, quasiment imperceptible. On parle de biorythme, par exemple. Donc ça va être un mouvement quasiment imperceptible de notre système nerveux sympathique et parasympathique, musculaire, etc. Même cellulaire, en fait. Mais c’est un mouvement qui va être lié directement au fonctionnement, au mouvement général du cosmos. Et donc, en particulier à proximité de notre système solaire. Donc un mouvement qui va être différent selon la croissance ou la décroissance de la Lune, par exemple, selon le jour ou la nuit, selon la saison également. Et donc en zazen, on doit pouvoir observer ce mouvement et en fait l’accompagner. Donc ça demande d’être très patient et disponible. Et donc on l’accompagne et si on suit correctement ce mouvement cosmique, on s’aperçoit que, à travers ce mouvement cosmique qui va se passer au travers de nos muscles, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, eh bien le corps se rééquilibre, se libère. Par de très petites forces.

Maintenant, il ne faut pas du tout intervenir personnellement, mais juste suivant. Quand même, entrer dans l’espace parce qu’il n’y aura pas de mouvement sans espace, sans ku. On pourra observer cette cdisation… une homéostasie. On va observer notre… à travers notre corps, l’homéostasie. C’est cette posture de zazen. Quand on observe l’homéostasie, c’est comme la calligraphie, toujours la relation entre l’espace et la masse. Donc vous, vous allez observer simplement ce phénomène magnifique qui va se passer dans votre propre corps.

C’est vrai que, avec notre habitude de l’ordinateur et tout ça, en fait, on est toujours extrêmement pressé. C’est difficile d’attendre que le mouvement naturel se révèle sans rien faire. On a envie de bouger. On a envie de réagir, d’intervenir. Donc c’est important aussi de ne pas oublier de respirer. Parce que la respiration, justement, amplifie l’espace.