Published: 15/03/2024 | Updated: 05/06/2024
Je vous ai préparé comme kusen la suite de ce que j’ai fait pendant le camp d’été sur les quatre fondements des pouvoirs magiques. J’ai abordé ce sujet durant le camp. Je continue par la rencontre en Eka et Bodhidharma.
Les quatre fondements sont comme les quatre sabots d’un cheval.
- Le premier, c’est la volonté, la volition. C’est quelque chose qui est plus fort que vous et qui vous pousse à agir. C’est comme une question de survie, c’est très puissant.
- Le deuxième sabot, c’est l’esprit.
- Le troisième, c’est la progression vers l’avant, avancer.
- Le quatrième, c’est la pensée.
Donc là, nous en sommes à l’esprit. J’en ai déjà parlé pendant le camp d’été, mais je n’avais pas fini. Je vais donc vous raconter trois histoires zen qui permettent de mieux comprendre la nature de l’esprit.
Le maître Eka, disciple de Bodhidharma, debout dans la neige glaciale, s’adressa à son maître :
Maître, mon esprit n’est pas paisible, je vous en supplie, donnez-lui la paix !
Eka avait tué beaucoup d’hommes par le passé, car il était militaire ; il se sentait extrêmement coupable de tout cela. Il n’arrivait pas à se débarrasser de cette culpabilité. Debout dans la neige, il demande à Bodhidharma de l’accepter comme disciple. Bodhidharma ne répond pas, même quand il insiste. Finalement, Eka se tranche le bras. À ce moment-là, Bodhidharma grogne :
« Han ! » Et il continue zazen.
Eka supplie alors :
Je vous en supplie, pacifiez mon esprit. C’est insupportable, je vais devenir fou !
Enfin, Bodhidharma lui adresse un regard :
Apportez-moi votre esprit, et je lui donnerai la paix.
Eka répond :
Maître, je l’ai cherché, mais il est resté inaccessible, insaisissable.
Eka cherche la paix de l’esprit, il souffre, il veut la paix, le calme. On a beau lui dire :
– C’est ton mental !
Il répond :
– Où est mon mental ? Où est la racine de cet esprit ? Quelle est l’essence de cet esprit ? Est-elle dans le cerveau ? Dans le cœur ?
Même si tout le monde ne se tranche pas le bras dans la neige, dans le froid, tout le monde veut trouver quelque chose à propos de son esprit. Tout le monde veut devenir paisible, pacifier son esprit. Eka a eu une réponse remarquable quand il a dit :
Je l’ai cherché, mais il est resté insaisissable. Je n’ai pas pu le trouver.
En japonais, cela se dit « Shin futa toku ». « Fu » signifie la négation, rien. « Ta » signifie saisir, trouver. « Toku », comme dans « Mushotoku », signifie obtenir, atteindre son but. « Shin fuka toku », c’est l’esprit complètement introuvable, insaisissable.
Eka a dit :
Je l’ai cherché, mais je ne l’ai pas trouvé.
C’est une excellente réponse, mais celle de Bodhidharma est encore plus magnifique :
Amenez-moi votre esprit, je le pacifierai.
Et Eka a dit :
Je ne peux pas. Non seulement je ne peux pas l’attraper, mais je ne peux même pas le trouver.
Alors Bodhidharma lui dit :
Dans ce cas-là, il est déjà pacifié.