Published: 08/08/2021 | Updated: 07/06/2024
Ça remplit votre espace. Si vous avez des pensées tristes, ça vous remplit de tristesse. Si vous êtes inquiet, ça vous remplit d’inquiétude. Ou alors c’est juste des pensées anecdotiques, ça vous remplit d’anecdotes. Dans l’enseignement du zazen, on essaie de créer et d’élargir un espace silencieux.
Dès que vous arrêtez de penser à quelque chose, vous créez un espace silencieux et bénéfique autour de vous. C’est ce que Wanshi appelle notre espace intérieur.
Quand vous remplissez votre espace intérieur de silence, soyez satisfait sans être perturbé par le désir d’agripper quelque chose.
Effectivement, quand on nous enseigne le zazen, on dit qu’il ne faut pas faire ci, qu’il ne faut pas faire ça. Qu’il faut lâcher prise, qu’il faut laisser passer. En même temps, quand on veut pratiquer cet enseignement, on est perturbé par le désir d’attraper quelque chose : « Ça y est, j’ai un espace silencieux, un espace lumineux autour de moi, en moi ! » Dès que l’on a cette pensée, l’espace se remplit de nos illusions. Wanshi dit :
Dépassez votre comportement habituel.
Justement, notre comportement habituel, c’est de suivre, de s’identifier à nos illusions, de créer un espace avec nos illusions. Ce dont il faut se rendre compte, c’est que nos illusions changent, notre espace change, on ne s’en rend même pas compte. En fait, il est libre et on est libre, surtout quand on fait zazen. On est libre de créer des espaces de calme et de lumière. Il faut profiter d’être en zazen pour dépasser son comportement habituel.
Quand je me promène avec mon épouse dans la nature, tout le temps, elle me dit : « Oh, regarde, regarde ! » Je ne sais pas ce qu’elle veut que je regarde, parce qu’il y a tellement de choses à voir. Alors je lui dis : « Non, non, mais je n’ai pas besoin de regarder. Je vois, je vois ce que j’ai à voir. » C’est un peu comme ça.
Réalisez le Soi qui n’est possédé par aucune émotion.
C’est très intéressant, ce texte de Maître Wanshi, qui traite de l’attitude de l’esprit pendant zazen. Je disais hier, il y a la posture, la respiration et l’attitude de l’esprit. Ce sont les trois piliers de la pratique du zazen.
L’attitude de l’esprit, c’est la découverte par l’attention. Puisqu’on est attentif, on ne bouge pas, on n’est pas occupé à quelque chose, on voit directement comment fonctionne notre esprit, notre mental.
La base de l’attitude de l’esprit, du comportement, de la posture de l’attitude de l’esprit, ce n’est ni kontin, ni sanran.
Kontin, c’est s’endormir, sanran, c’est s’énerver. Si on laisse fermer les yeux, on arrive rapidement à s’endormir. Alors il faut maintenir un état d’esprit alerte, éveillé, conscient.
Maître Deshimaru l’expliquait. Quand on est en sanran, on est bien éveillé, on ne dort pas, mais on est un peu nerveux. On a tendance à penser. Quand on est en kontin, la pensée se calme et notre mental est silencieux. C’est formidable, sauf qu’on s’endort. Il ne faut pas s’endormir. Tout d’un coup, la tête commence à tomber en avant.
C’est la base de l’attitude de l’esprit , kontin et sanran.