Contact et détente

1
Kusens de Maître Kosen
Contact et détente
Loading
/

Dans la première partie du zazen, j’ai voulu parler du contact, de la notion de contact. J’en ai déjà parlé, mais c’est quelque chose à toujours découvrir, à approfondir. J’ai déjà parlé du contact des deux pouces qui est très important. C’est presque le cadenas du zazen.

J’ai déjà parlé de cette notion de yakusoku en japonais, où l’on contrôle la tension du corps en contrôlant le contact des pouces.

Quand on a vérifié toute la posture de la tête, de la colonne vertébrale, des épaules, des bras, des mains, on vérifie le contact.

Je me suis dit : « En parlant de contact, je vais regarder la prochaine phrase du Shinjinmei, le poème de Sosan« . Et je me suis dit : « Je suis sûr que ça va coïncider avec ce que je pense ». Alors en effet, je vais vous lire le poème.

Si l’esprit coïncide avec l’esprit, les semences, les traces des actions s’évanouissent.

Donc effectivement, il est question de contact entre l’esprit et l’esprit, le contact, c’est « coïncide ». C’est intéressant parce que Maître Deshimaru parle des mots japonais Kaï. En japonais traditionnel, ça veut dire faire coïncider deux moitiés qui sont séparées, comme les symboles. Le symbole, c’est deux moitiés qui coïncident à nouveau.

contact et detente zagu zen

Et il parle du zagu, vous savez, le tissu qu’on étale par terre quand on fait des sanpaï ou bien quand on fait des paï avec le maître. Le bord de notre zagu, c’est-à-dire du tissu qu’on déploie, doit être en contact, doit toucher le bord du zagu du maître.

C’est une cérémonie très importante, puisque lors de la transmission du Dharma, le maître et le disciple étendent tous les deux leurs zagus et font en sorte qu’ils se touchent. Ensuite, ils font trois ou neuf prosternations l’un en face de l’autre.

Donc effectivement, ce poème coïncidait, était en contact avec ce que je pensais, même si je ne voulais pas le développer dans le même sens.

C’est important, surtout dans le zazen, de prendre conscience des contacts. Par exemple, entre notre corps et l’air, entre notre corps et la terre, entre nos yeux et notre conscience, entre nos oreilles et ce qu’on entend. Cela vaut pour le toucher aussi.

J’ai parlé des pouces, mais c’est le contact entre les cinq sens et nous-mêmes, le contact entre notre corps et notre esprit. Quand on fait par exemple le contact entre ce que l’on regarde et ce qui regarde, on établit le contact entre notre corps et notre esprit.

On découvre dans la physique moderne qu’en réalité, rien dans l’univers ne se touche. Donc, le contact est un espace. Ce n’est pas quelque chose de solide, c’est un espace dans lequel l’un et l’autre rentrent en contact.

Quand vous pratiquez zazen, quand vous pratiquez la respiration, le contact entre l’expiration et l’inspiration, le contact entre l’inspiration et l’expiration, vous font prendre conscience que le contact est un espace. En toute chose, vous pouvez prendre conscience du contact.

La respiration est automatiquement en contact avec la Terre, lors de l’expiration, qui va descendre le centre de gravité. Et elle est en contact avec le ciel lors de l’inspiration.

La phrase du Shinjinmei que je vous ai lue tout à l’heure, ça veut dire que quand on établit le contact entre le corps et l’esprit – puisque tout est corps et esprit – le karma personnel, même le karma des maîtres, disparaît.