Conseils sur la pratique de Maître Wanshi #2

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Kusens de Maître Kosen
Conseils sur la pratique de Maître Wanshi #2
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Je vais continuer le poème de Maître Wanshi : « Conseils sur la pratique. »

Il dit :

La vacuité absolue n’inclut aucune image.

C’est un point important, parce qu’en Chine, le zen s’est séparé en deux écoles Rinzai et Soto. Dans l’école Rinzai, on fixait une image ou une idée, un koan, une énigme, à laquelle on essayait d’apporter une réponse à travers la pratique. Donc, le zazen tendait vers un but.

En fait, la posture du lotus, la posture du Bouddha, on peut l’utiliser pour faire plein de choses. On peut manger en zazen. On peut chier en zazen. On peut chanter des soutras en zazen. On peut réfléchir ou prier en zazen.

Maître Wanshi est une égérie, un grand maître du zen Soto pur. Souvent, les gens disent : « Mais à quoi ça sert zazen ? » Zazen, c’est faire apparaître un espace vide et infini de vacuité, de silence, de paix.

Cet espace coupe notre karma personnel inconsciemment, naturellement, automatiquement. Il fait une brèche. Parce que normalement, dans une vie humaine, les phénomènes s’enchaînent les uns aux autres sans s’arrêter. L’un enchaîne l’autre, l’autre enchaîne le suivant, etc.

Donc, la vacuité absolue n’inclut aucune image. Ça veut dire que pendant le zazen, on ne prie pas, on ne pense pas, on ne poursuit pas, on ne vénère pas une image. Il dit ça aussi parce que quand on parle du mental, on pense à une pensée mentale, pas toujours à une image.

L’indépendance véritable, la vraie liberté, ne repose sur aucune chose. Même faire zazen, c’est encore une chose. Donc, on doit faire zazen sans faire.

Faire grandir, répéter et illuminer la vérité originelle sans se préoccuper des conditions extérieures.

On rectifie beaucoup la posture, Maître Deshimaru était très strict et très précis, il accordait une grande importance à la posture. On lui demandait : « Qu’est-ce que c’est le zen ? Qu’est-ce que c’est le plus important ? » Il répétait toujours « La posture, good posture, strong ».

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Il est vrai que quand on a expérimenté un petit peu le zazen, on éprouve une certaine émotion de beauté en regardant une posture de Bouddha bien positionnée, bien ancrée, bien stable, bien forte et en même temps calme.

Je rattache à la posture au fait de ne pas se préoccuper des conditions extérieures. Dès le moment où on commence à penser, où on tombe dans le mental, la tête par en avant. Ou alors carrément, on tourne la tête pour regarder le kyosaku qui passe.

Donc ne vous préoccupez pas des conditions extérieures, on en fait abstraction. Moi je le ressens comme ça : par la position de la tête et des épaules, on fait abstraction des conditions extérieures, on rentre totalement à l’intérieur. C’est le contraire de la naissance. Quand un bébé naît, on attend que la tête passe. Dans le zazen, c’est pareil, sauf qu’on retourne dans la matrice.

De même, il nous est dit de réaliser que rien n’existe vraiment.

Ce sont les enseignements courants du zen. Ça existe, mais ça n’existe pas. Shiki so ku ze ku. Ku so ku ze shiki. Shiki, c’est les phénomènes, le palpable, ce qui existe. So ku ze ku veut dire qu’en fait, la vraie nature de Shiki, c’est que ça n’existe pas. Ça existe, mais ça n’existe pas.

On entend souvent dans la culture New-Age je les gens disent : « Je suis ». C’est extrêmement profond comme sentiment.Par exemple, quand un bébé naît, il apparaît au monde, il ne sait pas parler, mais il dit : « Je suis ».

Cette conscience « Je suis », elle existe depuis avant la naissance. En fait, tout le monde a le même « Je suis ». On est tous le même, « Je suis » est éternel.

Donc il nous est dit de réaliser que rien n’existe vraiment, mais dans ce champ, la naissance et la mort n’apparaissent même pas. Maître Wanshi l’appelle le champ de la vacuité, le champ sans ego où le Soi existe. Il n’y a plus de différence entre la naissance et la mort. On est dans l’existence éternelle.

La source profonde, transparente jusqu’au fond, peut irradier de sa lumière et dialoguer sans problème avec le moindre grain de poussière.

Une fois qu’on est centré, une fois qu’on est dans le champ, on n’est pas gêné par les phénomènes, par le moindre grain de poussière. Il n’y a pas de problème, on s’harmonise, on voit les choses de la bonne place, du bon endroit, selon la bonne perspective. On peut dialoguer sans problème avec le moindre grain de poussière sans pour autant devenir son complice. On peut aimer, on peut dialoguer sans s’attacher, sans perdre son centre, sans dépendre des phénomènes.

Et cette subtilité de voir et d’entendre transcende toutes les couleurs et tous les sons.

Toute cette démarche se déroule sans laisser la moindre trace et sans obscurcir aucun miroir.

Cela veut dire que fondamentalement, dans cette posture silencieuse du Bouddha, en zazen , on ne crée pas de karma. Même s’il y a cinq minutes de silence dans notre journée, c’est déjà énorme. Même si on pénètre dans ce champ pendant un court moment, c’est déjà énorme et ça a une influence énorme sur notre vie, sur notre famille, sur notre société, sur notre monde, sur toute la réalité. On est bien, on est très bien, on est très très bien.