J’ai décidé d’essayer de faire un kusen le samedi matin. J’ai commencé samedi dernier à vous lire les conseils sur la pratique de Maître Wanshi. C’est vraiment très délicat et très intéressant. On a besoin parfois de quelques informations pour comprendre la profondeur et l’importance de ce que l’on pratique. Je vais recommencer au début parce que c’est très intéressant la première phrase, et j’ai écrit quelques petits commentaires.
Maître Wanshi dit :
Le Soi se divise en dix milliards d’esprits distincts. Distinguez-les, mais sans tomber dans les noms et les classifications. Harmonisez-vous avec eux pleinement, mais sans effort. Le champ de la vacuité sans limites est ce qui existe depuis le tout début.
Ce champ de la vacuité sans limites, en réalité, c’est le Soi dont il parle, qui se divise en dix milliards d’esprits distincts. Il continue à dire :
Vous devez purifier, guérir, moudre toutes les tendances que vous avez fabriquées et transformées en habitude.
Moudre dans le sens d’écarter. C’est très intéressant ce texte. Qu’est-ce que le Soi dont il parle, qui se divise en dix milliards d’esprits distincts ? Ce Soi, c’est Dieu, c’est Bouddha, c’est notre dimension divine.
On nous demande souvent : « Mais en quoi croyez-vous dans le bouddhisme ? » On devrait répondre : « On croit en soi, mais le Soi se divise en dix milliards d’esprits distincts, qui coexistent dans le passé, dans le présent, dans le futur, simultanément. Ici, maintenant ».
On ne devrait pas croire que ces esprits distincts sont le Soi. Pris séparément, ils sont l’ego, mais l’ego est un leurre. On croit que c’est l’ego qui décide, mais on se leurre.
Si on fait confiance dans le Soi véritable, alors, le plus approprié d’entre les dix milliards d’esprits distincts se manifeste et fait le job à la perfection, puisqu’il a la foi dans le fait qu’il est le Soi.
Sensei Deshimaru disait qu’il ne faut pas avoir d’opinion dans le dojo. C’est une dimension très importante. Dès le moment où on passe la porte du dojo, on n’a plus d’opinion. On suit le comportement juste. C’est tout.
Ça veut dire que l’on doit purifier, guérir, moudre, les opinions, les ego. Même si on a dix milliards d’ego différents, puisque l’ego est sans noumène, on peut les distinguer.
C’est comme quand on fait du théâtre. On choisit un ego et on le joue, on le devient. Mais on sait que ce n’est pas nous, c’est notre rôle.
Distinguez les ego. Parfois, on n’a aucune conscience de ça. On n’a aucune conscience du fait que notre ego est en train de se transformer à chaque fraction de seconde dans un nouveau personnage. En zazen, on peut s’en rendre compte. En zazen, on rejoint le Soi par la posture du Bouddha.
Wanshi dit que vous pouvez les distinguer, mais sans les toucher. Sans tomber dans les noms et les classifications.
D’une part, l’ego n’existe pas, d’autre part, l’ego lui-même est Dieu. Nous sommes inséparables de Dieu lui-même, du Soi. Mais Wanshi nous explique comment pratiquer.
Sensei avait une expression qui m’est revenue hier. Il disait toujours : « Laissez passer ». Vous pouvez les distinguer, mais laissez passer.