Phrase 20 du Shin Jin Mei

Kusens de Maître Kosen
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Phrase 20 du Shin Jin Mei
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Published: 16/09/2012 | Updated: 17/11/2024

La phrase n.o 20 du Shin Jin Mei est d’une grande importance :

Ne pas chercher la vérité,

Seulement ne pas avoir de préjugés.

 

Lors d’une récente session, j’ai raconté une histoire qui illustre cette idée. Les hommes, dit-on, ont été créés “à l’image des dieux”, mais avec une différence majeure : ils possèdent un corps calleux, cette structure qui sépare les hémisphères droit et gauche du cerveau. Cette division, bien qu’elle les rende semblables aux dieux, les empêche d’exploiter pleinement leurs capacités divines. Les humains sont toujours divisés entre deux visions antagonistes : objectif et subjectif, conscient et inconscient, ou d’autres dualités.

Ainsi, ils n’utilisent qu’une moitié de leur “cerveau divin” à la fois, cherchant sans cesse à comprendre l’autre moitié. Ce comportement est frappant dans la manière dont l’humanité fonctionne : d’un préjugé à un autre, elle oscille sans cesse. Même les grandes philosophies et idéologies auxquelles adhèrent des peuples entiers sont souvent contradictoires.

  • Pourquoi ces contradictions ?
  • Que devons-nous choisir ?

En Argentine, j’ai décidé de commenter le Shinjinmei, un texte ancien chinois emblématique du zen. Ce texte appartient au domaine du cerveau droit : intuitif et non linéaire. Malgré cela, il contient une sagesse précieuse, particulièrement adaptée à notre civilisation moderne.

Ce qui nous oppose les uns aux autres, ce qui nous sépare profondément, ce sont nos préjugés. Ils se manifestent à tous les niveaux :

  • Chaque individu a ses préjugés.
  • Chaque famille, chaque nation, chaque groupe culturel ou social en est imprégné.
  • Les femmes et les hommes eux-mêmes se perçoivent souvent à travers des préjugés mutuels.

Les préjugés consistent à s’attacher à une vérité partielle, à un fragment de réalité. Prenons les paroles de Jésus : “Regardez les oiseaux. Ils ne travaillent pas, et pourtant, ils trouvent leur nourriture.” Beaucoup y voient une grande sagesse. Mais cette perspective n’est qu’une facette de la vérité.

D’autres affirment : “Pour goûter au bonheur, il faut connaître l’amertume.” Là encore, c’est une vérité partielle, une moitié de réalité qui exclut l’autre. Ces exemples montrent comment les humains basculent d’une vision à une autre, incapables de les réconcilier.

Cependant, à travers le zazen, nous avons la possibilité de “craquer le code” du corps calleux. Cette pratique permet, comme le disait Sensei, “d’embrasser les contradictions.” Le zazen transcende la division et invite à une vision plus unifiée de la réalité.

C’est pourquoi la phrase du Shinjinmei est un véritable trésor : “Ne cherchez pas la vérité et surtout, n’ayez pas de préjugés.”