Published: 24/09/2017 | Updated: 06/06/2024
C’est à travers le corps, à travers la posture, que cela va se réaliser. Cela n’a rien de mental. Pour comprendre cela, la posture de zazen, telle qu’elle a été enseignée par les maîtres, c’est le plus important. Dès le départ, dès le premier zazen, il faut essayer de pratiquer cette posture telle qu’elle est enseignée.
Évidemment, on a des handicaps physiques plus ou moins importants qu’on peut légèrement compenser en mettant un petit coussin ou une petite cale sous un genou ou quelque chose comme ça.
Mais si on commence à vouloir pratiquer avec de gros coussins partout et sans prendre la bonne posture, on n’arrive à rien. Sinon, on reste pendant une demi-heure dans une posture inconfortable, une position inconfortable. Il est important que les genoux touchent par terre, que le bassin soit basculé, que la colonne soit tendue et que nous soyons nous-mêmes abandonnés, détendus. Une fois que nous avons dépassé ces peurs de débutant, la posture devient très confortable et procure rapidement un sentiment de profonde détente.
Maître Deshimaru nous expliquait que le zazen n’est pas comparable à un sport, c’est-à-dire que nous ne sommes pas tenus de faire un effort pour pratiquer zazen. Donc, on ne perd pas d’énergie ; au contraire, on reçoit de l’énergie. Léonard de Vinci aurait très bien pu inventer une machine appelée le zazen.
La position du lotus consiste à mettre le pied droit sur la cuisse gauche et le pied gauche sur la cuisse droite. Les jambes sont croisées. On nous explique que pour prendre la posture, il faut pousser la terre avec les genoux.
C’est donc un sport, dans la mesure où nous devrions utiliser notre propre énergie pour pousser la terre avec les genoux. Mais dans le cadre du zazen, ce n’est pas un sport parce que, plus vous relâchez vos pieds posés sur les cuisses, c’est-à-dire moins vous faites d’efforts musculaires, plus les genoux, par le poids des pieds qui pressent contre les cuisses, s’enfoncent dans le sol.
Donc, ce mouvement dynamique est engendré par l’abandon, par le relâchement des jambes. On va en fait utiliser la force gravitationnelle, non pas à nos dépens, mais c’est cette force gravitationnelle elle-même, contre laquelle nous devons normalement lutter pour nous tenir debout et faire tout ce que nous faisons, qui va engendrer en nous de l’énergie.
Chose un peu surprenante, j’ai lu sur Internet que les Indiens, je crois, en Inde ou en Afrique, ont inventé une nouvelle lampe appelée la lampe gravitationnelle, qui crée du courant électrique uniquement par l’inertie de son propre poids, donc une énergie gratuite.
C’est le même processus qui se passe en zazen. Si j’avais un disciple aussi doué que Léonard de Vinci, il nous ferait un petit croquis avec les forces en présence et on pourrait tout à fait expliquer le phénomène.
C’est pourquoi je dis que le zazen est un processus purement physiologique. C’est de la physique. Pour cette raison, quand la posture est correctement pratiquée, on ressent une sensation d’apesanteur. Je dis que c’est de la physique, c’est physiologique, mais je pourrais aussi bien dire que c’est mécanique.
Pour cette raison, le choix de son coussin est très important. Quand on est débutant, il est intéressant de faire des essais pour trouver exactement le zafu parfait, ni trop haut ni trop bas, qui se cale exactement au bon endroit, de la bonne manière, et qui fait partie de cette mécanique.