Le grossier et le subtil

Kusens de Maître Kosen
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Le grossier et le subtil
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Published: 23/11/2013 | Updated: 16/11/2024

“Ne discriminez pas entre le grossier et le subtil. Il n’y a aucun parti à prendre.”

Cette phrase du Shin Jin Mei trouve ses racines dans la philosophie taoïste, qui a profondément influencé le zen, notamment lorsque celui-ci a été transmis en Chine. Le concept du Yin et du Yang illustre cette idée : ces forces opposées n’existent pas par elles-mêmes mais seulement en relation l’une avec l’autre.

Dans la pratique du zazen, cette notion se reflète dans l’attention portée à la respiration et à l’énergie corporelle. Les textes sacrés comme le Shinjinmei renvoient souvent à cet équilibre. Même au sein de notre corps, tout fonctionne par dualité :

  • L’hémisphère droit et gauche du cerveau.
  • Les muscles superficiels et profonds.
  • Le système nerveux sympathique et parasympathique.
  • La circulation sanguine ascendante et descendante.

Lors de la pratique du zazen, Maître Deshimaru enseignait une respiration particulière. Contrairement à la respiration ordinaire où l’on commence par inspirer, dans la respiration zen, on commence par expirer. Voici les principes essentiels :

  • Pendant l’expiration, on presse doucement les intestins vers le bas, gonflant la région du hara (sous le nombril).
  • Pendant l’inspiration, le diaphragme s’ouvre, les poumons se remplissent, et le ventre se rentre légèrement.

Cette méthode, bien qu’inhabituelle au début, s’aligne avec la posture de zazen. Elle vise à libérer les tensions et à faire circuler l’énergie de manière fluide.Dans la tradition taoïste, on apprend que l’énergie corporelle, ou jing, passe par différents stades, du plus grossier au plus subtil :

  • L’énergie brute descend dans le bas-ventre, nourrissant les organes sexuels et les chakras inférieurs.
  • Cette énergie peut être raffinée en la faisant remonter le long de la colonne vertébrale jusqu’au cerveau, où elle devient subtile et nourrit les fonctions supérieures.

Cependant, un excès d’énergie dans le bas-ventre peut entraîner des stagnations nocives. Il est donc crucial de maintenir une circulation harmonieuse, comme enseigné dans la médecine chinoise et les pratiques taoïstes de Mantak Chia.

Les tensions abdominales résultent souvent d’un déséquilibre :

  • Soit trop d’énergie accumulée en haut, avec un diaphragme bloqué.
  • Soit une accumulation excessive en bas, créant un ventre tendu et une stagnation énergétique.

Le secret est de ne pas discriminer entre ces états. Il faut écouter son corps :

  • Parfois, lâcher prise signifie gonfler doucement l’abdomen.
  • D’autres fois, cela implique de rentrer le ventre pour libérer les tensions.

Au fil de la pratique, vous apprendrez à devenir intime avec la région du hara. Pendant l’expiration, ressentez ce qui vous fait du bien, qu’il s’agisse de gonfler ou de rentrer le ventre. Lorsque l’expiration s’achève, laissez l’inspiration remplir naturellement votre corps. Cette alternance fluide purifie le corps, élimine les toxines et restaure un équilibre profond.

Ce principe d’équilibre dépasse la seule respiration. Il s’applique à toutes les dualités, qu’elles soient physiques ou spirituelles. La clé réside dans le lâcher-prise et l’instinct. Parfois, l’énergie brute du bas ventre doit être raffinée et élevée, et parfois, il faut ancrer cette énergie dans les profondeurs pour retrouver la stabilité.

En fin de compte, ne cherchez pas à choisir entre le “grossier” et le “subtil”. Ces deux aspects sont interdépendants et nécessaires à l’harmonie. La pratique du zazen nous enseigne à embrasser ces polarités et à retrouver une unité naturelle.