
À cette époque de l’année, nous faisons des choses qui sont quand même très importantes. On s’est demandé si les fêtes de Nouvel An et de Noël devaient être laïques ou pas. L’important, c’est de souhaiter le bien à son prochain, déjà.
On devrait, tout au long de l’année, souhaiter toujours le bien à son prochain, même à ceux avec qui on a quelques différences ou quelques désaccords. Alors, à cette époque, nous, nous souhaitons la bonne année.
Bonne année et surtout la santé ! On dit toujours ça. « Je souhaite la bonne année, mais surtout la santé. » Évidemment, la santé est très importante. Si on est malade, on vit à travers un filtre un peu négatif. Maître Deshimaru disait que la santé, c’est l’harmonie du corps et de l’esprit.
Encore une fois, il faut se réconcilier avec son esprit par le corps et par l’esprit. Ce qu’on appelle l’harmonie du corps et de l’esprit, on appelle ça le samadhi. Quand le corps et l’esprit sont en harmonie, ils ne font plus qu’un. Et de ce fait, on les oublie tous les deux. On appelle ça le samadhi, c’est-à-dire une chose, seulement une chose, se concentrer seulement sur une chose.
Il n’y a pas que pendant le zazen que le comportement, behaviour, en anglais, doit viser juste. C’est-à-dire qu’on doit envoyer chaque comportement dans la cible. C’est pour ça que, quand on rentre dans le dojo, on vous montre qu’il faut rentrer du pied gauche, du côté gauche de la porte. Faire gassho.
Dès le moment où on rentre dans le dojo, on commence à contrôler son comportement, à viser juste. C’est-à-dire que chaque geste doit taper dans le mille, doit réunir le corps et l’esprit, doit devenir samadhi.
Il y a plein de sortes de samadhi. Maître Dogen, écrivait qu’être intelligent, comprendre, apprendre est aussi important que le zazen en lui-même. Et le plus important est de contrôler l’esprit et le corps.
Ce qu’on découvre dans le zazen, c’est qu’à travers la posture du corps, à travers notre action inactive du corps pendant zazen, en étendant la colonne vertébrale, en tendant la nuque, en contrôlant sa posture, nous pouvons contrôler notre esprit. C’est pour ça qu’on dit que le zazen est le roi des samadhi.
Il y a beaucoup de samadhis. Chaque geste de la vie quotidienne est un samadhi. Chaque objet qu’on touche, qu’on déplace, qu’on nettoie, dont on fait quelque chose, est un samadhi? C’est-à-dire qu’on a influé l’esprit dans la matière.
Par ce même élan du zazen, quand on pousse la terre avec les genoux, quand on étire la colonne, quand on redresse les pouces, quand on détend ce qu’il faut détendre, parfois on laisse l’initiative au corps lui-même de faire le travail, alors, on lâche et le corps se remet en place lui-même.
Sensei critiquait pas mal les maîtres japonais, en disant qu’ils faisaient beaucoup de cérémonies et peu de zazen. On ne doit pas partir de la cérémonie pour arriver au zazen, mais on doit partir du zazen pour arriver à la cérémonie. À ce moment-là, le comportement pendant la cérémonie, les mouvements qu’on fait, la manière dont on les fait, dont on les intériorise, devient samadhi.
Quand la cérémonie devient le fruit du zazen, alors elle prend de l’importance. La sagesse de la posture imprègne la clochette, le mokugyo, le gassho, le sampaï. Toutes ces actions influencent l’esprit, et les gestes en deviennent élégants. La vraie élégance.